Les XXIVèmes Championnats de France Open de natation Maîtres été avaient lieu du jeudi 30 juin au dimanche 3 juillet 2011 à Gap, dans les Hautes-Alpes.
Pour remettre dans le contexte, les championnats de France Maîtres c'est THE objectif qui me fait aller à la piscine plusieurs fois par semaine, qui m'a mis à la course à la pied (c'est dire), qui me fait tout le temps surveiller ce que je mange et qui commande mes jours de congés. C'est aussi quelque chose qui m'obnubile tous les jours.
Bref, ce n'est pas rien.
L'objectif que je m'étais fixé pour la saison 2010/2011 était (justement) de monter sur un podium aux championnats de France.
Lors des championnats de France d'hiver en mars, j'y suis arrivé pour la première fois sur le 800m nage libre en décrochant la médaille d'argent. C'était un très grand moment d'euphorie, même si il a bien fallu reconnaître qu'il s'agissait d'une médaille remportée devant peu de concurrence. Et on sait qu'à "vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".
Cette médaille était un aboutissement, mais elle avait un arrière-goût d'insatisfaction.
Dans ma tête, la vraie médaille des championnats de France, celle qu'on remporte après une course menée jusqu'au bout de soi et devant des concurrents tous motivés, restait à gagner...
Problème 1 : je n'ai jamais brillé lors des championnats de France d'été.
Ou de manière générale, dans les compétitions en grand bassin.
Compétitions tard dans la saison (et coïncidant avec une certaine fatigue), difficultés à nager droit en dos dans les bassins extérieurs, manque d'endurance... autant de raisons qui ont fait que mes championnats d'été ont été moins glorieux que ceux d'hiver jusqu'à présent.
Pas de quoi me décourager. Au contraire. Avec l'aide de Marco, j'ai soigneusement défini ma préparation pour ces championnats en corrigeant certains points faibles précédents :
- Endurance --> j'ai poursuivi le type de préparation que j'avais suivi pour les France hiver et qui avait drôlement bien marché : des séances à fort kilométrages (de type 40x 200, 20x 400, 100x100), de la PPG régulière et (nouveauté) de la course à pied
- Puissance --> avec un vrai programme de préparation global, natation et préparation physique
Le tout, organisé sur 12 semaines.
Problème 2 : J'ai tenu 2 semaines.
Break après les France hiver trop court ? Manque de sommeil ? Préparation à (trop gros) front carré ?
Toujours est-il que 10 semaines avant les France, je me fais une tendinite à l'épaule (au tendon supra-épineux pour être exact).
Je n'ai pas joué avec le feu et j'ai de suite "levé le pied" sur l'entraînement en ne nageant plus qu'en jambes (<-- humour). J'ai nagé une semaine sans les bras, puis j'ai reessayé de nager normalement : au premier 50 pap, la douleur était de retour. Il en été ainsi pendant au total 4 semaines où j'ai alterné séances en jambes (plus très motivantes à la fin) et tentative de re-nager avec les bras.
Un coup assez dur pour le moral.
6 semaines avant les championnats de France, j'ai réussi à faire mon 1er entraînement avec les bras sans avoir mal.
A partir de ce moment, il a fallu essayer de monter progressivement en intensité et en kilométrage tout en faisant attention à ne pas se refaire mal (car même si j'arrivais à nager, j'ai longtemps senti que mon épaule n'était pas complètement remise).
J'ai donc fait une croix sur les plaquettes, sur le papillon et sur un certain nombre de courses lors des championnats des Yvelines et d'Île de France.
Au final, j'ai donc beaucoup moins nagé pour les championnats de France été que pour les France hiver. Par contre, j'ai essayé de compenser en courant plus et en faisant plus de préparation physique (plus d'abdos et de jambes notamment). Au final, j'ai quasiment fait le même volume horaire de sport dans les deux cas.
Néanmoins, mon affûtage (la période qui précède l'échéance à préparer, où on diminue beaucoup le volume d'entraînement pour arriver en forme le jour J) a été un des plus "yoyotant" de tous. Un coup, je sentais que je progressais, un coup, je notais que mes chronos étaient quelconques, un coup, j'avais de super sensations dans l'eau, un coup, j'avais l'impression de nager gainé comme un shamallow.
La seule chose qui était à peu près claire pour moi à la veille des championnats de France c'était que j'avais progressé en foncier. J'étais plus capable qu'avant de tenir un rythme longtemps et même de relancer.
Le programme des championnats de France
Me voilà donc la veille des championnats de France.
Je me suis engagé sur 6 épreuves individuelles et 2 relais :
- Jeudi 30 juin
- 1500m nage libre
- 100m dos
- Relais 4x50m 4 nages (dos pour moi)
- Vendredi 1er juillet
- 50m dos
- Relais 4x 50m nage libre
- Samedi 2 juillet
- Dimanche 3 juillet
La priorité absolue pour moi est le 1500m nage libre.
C'est ma nouvelle spécialité de la saison. Celle où je sens que je suis le plus à l'aise, où je prends le plus de plaisir... et où j'ai le plus de marge de progrès.
Ma deuxième priorité, initiale, était le 200m dos. Avec mes soucis à l'épaule, j'ai été contraint de moins faire de dos, nage qui me faisait plus mal à l'épaule que le crawl ou la brasse (beurk). A l'approche des France, ma deuxième priorité devient donc plutôt le 400m nage libre et le 200m dos devient la troisième.
Nous partons tôt de Paris le mercredi 29 juin avec Philippe pour arriver à Gap dans l'après-midi, tester la piscine, se coucher tôt et être bien reposé pour notre 1500m le jeudi matin à l'aube.
Problème 3 : Les bouchons en région parisienne.
En l'occurrence, le pire que j'ai jamais vu en partant. Au lieu d'arriver avant 17h, nous sommes arrivés à 19h30 à Gap. Pas le temps d'aller nager et un dodo plus tardif que prévu...
- sic -
J'aime pas ce genre d'impondérable...
Jeudi 30 juin 2011
La nuit est donc plutôt courte. Réveil à 5h20.
L'affluence aux championnats de France est en effet record. Les organisateurs sont obligés d'avancer le début des épreuves d'une heure. L'échauffement est à partir de 6h30 et les épreuves commencent à 8h.
Et je tiens absolument à pouvoir nager dans le bassin de la compétition pour tester les plots pour les départs, pour prendre mes repères en dos... et pour voir mes sensations dans l'eau.
A 6h30, je suis donc dans l'eau.
Malgré le stress des derniers instants avant l'épreuve, je reste émerveillé par le cadre dans lequel nous nageons. La piscine est très belle, le ciel est bleu et nous sommes entourés de montagnes. Le lieu est magnifique.
6h30, le soleil se lève sur les montagnes et la piscine
Les sensations dans l'eau sont bonnes. Sans plus. Je suis vite essoufflé par contre. Je réalise que Gap est en altitude (du moins plus que Versailles...). Je n'y avais pas du tout pensé...
Il y a 10 séries de 1500m nage libre. Je suis dans la 9ème. Je ne nage donc pas tout de suite.
J'ai une chance : je nage dans une des deux séries qui n'est pas doublée. Les 8 premières séries se nagent en effet à deux personnes par ligne (les deux nageurs partent en décalé, chacun avec un chronométreur différent)... Des conditions pas top que Philippe va devoir expérimenter pour son 1500m à lui.
Quelques repères pour mon 1500m nage libre :
- Mon meilleur temps en petit bassin est de 18'32"
- Mon meilleur temps en grand bassin est relativement moins bon en 19'17" (sachant qu'on considère souvent qu'en passant de petit à grand bassin il faut ajouter 1,7 à 2s par 100m)
- J'ai beaucoup d'adversaires sérieux sur l'épreuve :
- Alexandre, de Trappes, qui nage dans la même série que Philippe et qui nage des temps canons en dos et en pap et que je rêve depuis longtemps de battre un jour
- Nicolas, de Villeurbanne, qui m'avait battu de 3s sur le 800m nage libre aux championnats de France hiver et qui avait donc fini champion de France. Nicolas nage la série avant moi (je le croise à l'échauffement le matin et ne peux m'empêcher de placer un : "flûte, j'espérais que tu te sois cassé une jambe...")
- Alexandre, de Bordeaux, qui est un concurrent régulier et qui a déjà été médaillé plusieurs fois sur 1500m, 800m et 400m nage libre aux France
- David, de Toulouse, un extra-terrestre tout droit sorti de la N1, spécialiste d'eau libre et qui est engagé avec un temps canon de 16'26", soit un chrono meilleur que ce que certains nageurs ont nagé à l'Open EDF la semaine précédente... Un concurrent intouchable. Il nage la série après la mienne.
- Mon objectif pour le 1500m nage libre est de faire moins de 19min, soit moins de 1'16" par 100m. C'est ambitieux compte-tenu de mon meilleur temps, mais nécessaire si je veux assurer une place sur le podium
Tout en encourageant Philippe quand il nage son 1500m nage libre, je surveille du coin de l'oeil Alexandre de Trappes qui a l'air de bien tourner.
Oui : 18'55".
- Sic -
Le podium cette année va être beaucoup plus relevé que celui des 5 dernières années... (avec mon 19'17" j'avais une médaille d'argent ou de bronze les années passées)
Le temps de m'échauffer à sec passe bien vite et je me retrouve vite derrière le plot à attendre que ma série commence.
J'en avais oublié Nicolas dans la série précédente. Il sort de l'eau, vient me voir et me dit :
- Il va falloir que tu te déchires, j'ai nagé 18'39"
- re-Sic -
Mais c'est quoi ces gens cette année ??! Et c'est sûr que David va nager BEAUCOUP moins que ça dans la série d'après s'il nage habituellement en 16'26"...
Le niveau des Maîtres est clairement monté d'un cran cette année...
- A vos marques !
- Tut !
Nous voilà partis.
Je suis très bien parti (merci Marco pour le travail sur les plongeons).
Premiers coups de bras très importants pour bien placer sa nage et donner le tempo. Toute la série (qui mélange des gens de ma catégorie et des gens d'autres catégories) semble en vouloir.
Nous partons vite. Mais c'est clairement ce qu'il faut vu le chrono qu'il y a à faire (mois de 18'55" pour être sur le podium...).
200m. nous sommes toujours un paquet ensemble. Je suis ligne 6 et je vois autour de moi les lignes 4 (celle d'Alexandre de Bordeaux), 5 et 7.
300m. pas de changement. Je maintiens l'allure. Le rythme est toujours élevé mais je sens que je peux tenir cette allure sur 1500m.
400m. Alexandre décroche un peu. Ca fait du bien au moral. De l'autre côté, je prends un peu d'avance sur la ligne 7 à chaque virage mais le bonhomme remonte ensuite systématiquement. Ca me stresse. J'aimerais bien le larguer aussi. Je commence à avoir du mal à respirer. Je passe à une respiration tous les deux temps. Pas bon signe dès le 400m.
500m. la ligne 7 ne me remonte plus après les virages :) Je ne vois plus Alexandre. Par contre la ligne 5 a pris de l'avance. Je relance.
600m. je n'arrive pas à rattraper la ligne 6. Je commence à ne plus le voir d'ailleurs. J'aperçois Philippe au bord du bassin qui me fait les "thumbs up". Je ne sais pas ce qu'il faut que j'en déduise (je ne lui ai pas dit que je voulais faire moins de 1'16" par 100m)
700m. j'approche de la moitié de la course. Il faut absolument que je maintienne l'allure. Même si Alexandre (ligne 4) ne semble plus être un danger, je ne suis pas sûr de nager moins de 1'16" au 100m pour faire moins qu'Alexandre (de Trappes) et ses 18'55".
750m. la pensée "j'ai fait la moitié de la course !!" est immédiatement suivie de "il me reste la moitié de la course à faire !!". Petit coup au moral. Je commence à avoir clairement les bras qui chauffent. J'ai toujours du mal à respirer. Je nage moins bien qu'au début. C'est dur.
800m. "Olivier, tu peux le faire !" Je relance. Ou "je mule" serait plutôt le terme d'ailleurs...
900m. Bon sang, que c'est dur. Mais c'est dur à un point que je me dit que je suis peut-être en train de "faire quelque chose". Et puis, je suis sûr maintenant que je ne vais pas craquer. J'ai un doute sur la distance que j'ai nagée. Au virage, je lève la tête pour voir le nombre de longueurs qu'il me reste à faire, indiquées par le juge de virage sur son panneau.
1000m. J'ai toujours mal mais ce n'est plus la pensée qui m'occupe l'esprit "Je peux faire un gros chrono"...
1100m. Il me reste un 400m à faire. "Olivier, nage ces 400m comme si c'était JUSTE un 400m"
1200m. C'est SUPER dur. Mais... je revois la ligne 5 ! Je ne pouvais pas imaginer un meilleur coup de boost. Je ne pense plus qu'à "rattrape-le" et "fais un chrono"
1300m. A chaque virage je vois que je regagne du terrain sur la ligne 5. J'y vais comme un boeuf. Je donne vraiment tout ce que j'ai. Jambes en mode "hors bord".
1400m. coup de sifflet du chronométreur, c'est ma dernière longueur. La ligne 5 est toujours 3-4m devant moi. Je relance comme je n'ai jamais relancé dans ma vie.
1450m. la ligne 5 est toujours 2-3m devant moi. J'y vais absolument à fond. Tête baissée, le moins de respiration possible, jambes à fond, je remonte centimètre par centimètre sur la ligne 5. Toute sorte de pensées guerrières me traversent la tête (du niveau "je veux le manger tout cru"...). Nous passons les drapeaux, je suis maintenant au même niveau... mais il touche une fraction de seconde avant moi.
Pas grave.
Il n'est pas dans ma catégorie.
Et le temps affiché me fait halluciner : 18'36"16 !!!!!
A peine à 4s de mon meilleur chrono... en petit bassin ! Ca fait du 1'14" de moyenne !!!
David de Toulouse nage la série d'après en 16'42" (nouveau record de France de la catégorie).
Je suis VICE CHAMPION DE FRANCE du 1500m nage libre, catégorie C1.
Du pur bonheur !
Vice champion de France du 1500m nage libre, catégorie C1
Bonne surprise suivante, à la fin de ma récup dans le petit bassin couvert, je tombe sur... Mf qui participe à ses premiers championnats de France Maîtres ! :)
Malheureusement, pas trop le temps de papoter, je dois retourner à l'hôtel pour récupérer Fred qui est arrivé par le train de nuit.
Retour à la piscine où nous testons le service de restauration (vraiment très bien) et ensuite petite sieste (quelle bonne idée d'avoir acheter un parasol juste avant de partir).
L'après-midi, la température est loin d'être aussi fraîche que le matin à 6h30. Le soleil cogne pas mal en plus. Le repos sous le parasol n'est pas optimal...
J'ai quand même le temps d'assister au 50m brasse de Mme Michèle Guillais, une demoiselle de 90 ans qui bat non moins que le record du monde de sa catégorie.
Quand je la croise dans l'après-midi, je ne manque pas de la féliciter pour sa performance. Elle, toute modeste, me répond qu'il ne s'agit pas d'une grande course et qu'elle, ce qu'elle admire ce sont les jeunes qui nagent vite...
Clairement, il n'y a pas le même mérite de part et d'autre ! Surtout que Mme Guillais a eu un grave accident de santé dans l'année et a bien failli ne pas être là du tout... Et pourtant, à la voir, je lui aurais donné 75 ans grand maximum.
Mme Guillais me raconte qu'elle s'entraîne 4 (QUATRE !!) fois par semaine. "Mais des petites séances : juste 1km...."
A méditer pour ceux qui sont en panne de motivation...
Michèle Guillais, recordwoman du monde du 50m brasse. Une dame incroyable...
C'est trop bien la natation Maîtres :)
Denis nous retrouve dans l'après-midi avec sa femme. Nous sommes au complet pour le relais de la fin de journée.
Avant cela, mon 100m dos m'attend à 17h15. Ou plutôt à 17h45. Les séries ont pris pas mal de retard depuis le matin. Je plains les officiels qui passent leur journée au bord du bassin sous un soleil de plomb.
Je n'ai pas d'ambition particulière sur le 100m dos. Je ne suis vraiment pas un sprinter dans l'âme et je n'ai pas beaucoup travaillé le dos ces dernières semaines, préférant mettre la priorité sur le 1500m nage libre (une bonne idée visiblement). Dans l'idéal, j'aimerais améliorer mon meilleur temps : 1'07"98 réalisé deux auparavant, aux championnats d'Europe à Cadiz, en combinaison...
Je pars m'échauffer à sec longtemps avant ma série. La chaleur m'a pas mal assommé, il faut que je me présente bien tonique derrière le plot.
Il y a une sacrée bande de furieux dans ma série :
- Alexandre, de Trappes. Encore lui. Super sprinteur. Super dossiste.
- Nicolas, de Villeurbanne. Encore lui. Super constant.
- Kevin, de Cannes. Tout droit sorti des N1... Encore un extraterrestre dans l'univers des Maîtres
- Cédric, de Viry-Châtillon. Super super sprinteur en crawl, pap et dos.
- Yohann, de la Garennes-Colombes. Qui m'avait battu sur le fil au 200m dos des championnats de France hiver à Dunkerque
Et j'en passe...
Je nage ligne 6, à côté d'Alexandre.
"Tut !" Nous partons.
Je fais un bon départ, mais je suis peut-être parti un peu profond. Le temps que je remonte à surface, j'ai perdu un peu de vitesse. Alexandre est déjà devant moi.
Maintenant, il n'y a pas trop à réfléchir, il faut mettre du rythme. A l'entraînement, j'avais pu constaté que j'avais du mal à pousser sous l'eau ET à relâcher mon bras au dessus de l'eau en même temps. Comme c'est un sprint, je me concentre à bien pousser sous l'eau.
Le premier 50m se passe plutôt bien, je suis bien régulier.
J'arrive aux drapeaux, je compte deux coups de bras comme à l'échauffement le matin, je me mets sur le ventre et là... aaaaaaaaaargh ! Je manque de m'écraser sur le mur.
Avec le vent, les drapeaux étaient bien plus proches du mur que le matin et je fais donc ma culbute les genoux complètement pliés. Je ne pousse pas bien fort sur le mur... La coulée est donc courte.
Je sors de l'eau et je ne vois plus Alexandre sur le côté. Dommage, c'était bien pratique pour se repérer pour nager droit. Je regarde la ligne d'eau du coin de l'oeil pour ne pas zigzaguer dans la ligne.
J'essaie de relancer fort sur les bras et les jambes dès la sortie de la coulée.
Aux 35m, je veux à nouveau relancer mais là, j'ai un énorme coup de mou, les bras ne veulent plus tourner. Je sens clairement le 1500 du matin. Je finis donc sur la même allure...
1'09"32.
Bof... Ca fait une 7ème place au final.
Pas de très bonne augure pour le 200m dos de samedi.
Je file récupérer dans le 2ème bassin. Nous avons le relais 4x50m 4 nages dans moins d'une heure.
Le temps de nager, de me sécher et de me changer, c'est déjà l'heure d'aller à la chambre d'appel avec Philippe, Fred et Denis.
Notre relais est composé comme suit :
- Dos : moi
- Brasse : Fred
- Pap : Philippe
- Crawl : Denis
Nous sommes engagés en catégorie R2 (somme de nos âges entre 120 et 159 ans). Nous n'avons aucune chance de médaille, donc l'objectif c'est de bien s'amuser.
Fred sort donc son maillot de bain rouge à fraises. Je l'accompagne avec mon maillot psychédélique rose fluo (tant pis pour le jammer).
J'ouvre donc le relais. Je fais une bonne coulée cette fois. Pas trop profonde, tonique.
Ce 50m passe très vite et je passe vite le relais à Fred. 32"28 pour ce 50m dos. Pas très loin de mon meilleur 50m dos aux championnats d'Europe en combinaison, 2 ans auparavant.
Fred nage ensuite le 50m brasse en 36"99.
Philippe, le 50 pap en 35"20.
Denis, le 50 crawl en 34"20.
Soit un total de 2'18"67.
Bien sympa ce relais pour conclure la journée !
Un repos bien mérité nous attend maintenant après cette première journée.
Passage à l'hôtel pour déposer nos affaires puis nous partons manger en terrasse en centre-ville. Coup de chance : ce soir là, l'orchestre du 4ème corps des chasseurs alpins fait une représentation sur la place centrale. Un grand moment : chansons militaires, petites saynètes puis reprises de grands tubes versions cuivres et tambours (Claude François, Lady Gaga, Mario Bros.... tout le monde y passe).
C'est trop bien la natation Maîtres ^^
Vendredi 1er juillet 2011
Nouveau réveil aux aurores.
Aujourd'hui, mon programme est beaucoup plus light que la veille :
- 50m dos
- Relais 4x 50m nage libre
Un vrai programme de feignant (de sprinteur...) ;-)
Echauffement dans l'eau à 6h30. L'avantage de cet horaire, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de monde dans la piscine ^^ Je peux bien m'entraîner aux coulées, aux virages et à faire des pointes de sprint. Je fais quelques départs sur le plot également, en prévision du relais.
Le 50m dos est juste après le 800m nage libre dames. Soit bien tôt.
Je suis dans l'avant dernière série (9ème temps d'engagement). Je retrouve les furieux du 100m dos de la veille plus d'autres sprinteurs.
S'agissant d'un 50m, il ne va pas y avoir de tactique : à fond du début à la fin.
Le but c'est de faire mieux que la veille lors du relais (32"28).
Je fais un bon départ et une bonne coulée.
J'essaie de mettre beaucoup de rythme et de nager droit, mais j'ai l'impression que j'ai moins de fréquence que la veille. J'essaie de prendre beaucoup d'eau.
C'est déjà l'arrivée.
32"18
Légèrement mieux que la veille finalement.
Mais pas un temps terrible. Avec ça, je finis... 9ème ^^
Je ne suis décidément pas un sprinteur. En plus, il n'y a même pas le temps d'apprécier sa course ^^
Après ça, nous avons le relais 4x 50m nage libre en début d'après-midi.
Avec par ordre d'apparition :
- 1er : Fred
- 2ème : Denis
- 3ème : Philippe
- 4ème : moi
Fred part bien. La fin a l'air un peu plus dure.
Denis enchaîne. Il a l'air bien plus à l'aise que la veille.
C'est déjà au tour de Philippe de prendre la suite. Nous accusons un certain retard par rapport aux autres.
Il va falloir que je fasse une bonne prise de relais. Ce n'est pas du tout ma spécialité, j'ai plutôt tendance à assurer que nous ne soyons pas disqualifiés (la règle c'est que les pieds du relayeurs doivent toujours être sur le plot tant que le nageur précédant n'a pas touché le mur, rien n'empêche de commencer à prendre de l'élan avant que le nageur touche le mur).
Je me mets en position pour faire un départ classique. J'anticipe un peu mon départ quand je vois Philippe arriver près du mur.
Très bon départ, je sors vite de l'eau.
Les jambes sont à fond et les bras tournent vite.
Je respire aux 25m.
Je garde la tête bien droite et continue de tourner vite tout en essayant de prendre beaucoup d'appuis.
Je respire aux 35m.
Je respire aux 40m (réflexe).
Je respire aux 45m (scrogneugneu !! re-réflexe)
Fini !
Nous terminons bon dernier de notre série en 2'01"72, à des années-lumières de notre temps d'engagement (1'52"...). Violaine nous a un peu surestimé en faisant les engagements ^^
- Fred : 29"58
- Denis : 32"93 (1"30 de mieux que la veille !)
- Philippe : 31"34
- Moi : 27"86
Je n'ai aucun temps sur 50m en grand bassin, mais je crois que c'est mon meilleur temps en relais.
Mathieu nous rejoint un peu plus tard dans l'après-midi pour son 50m nage libre.
A 15h30, notre journée est déjà finie.
Nous en profitons pour faire une balade aux alentours de Gap avec Mathieu et Fred. Philippe préfère récupérer un peu à l'hôtel.
Les environs de Gap sont vraiment magnifiques. Assez bucolique comme endroit... :)
Après moults péripéties de transport, nous récupérons Thierry à la gare le soir et direction un petit resto en terrasse en centre-ville.
C'est trop bien la natation Maîtres.
Samedi 2 juillet 2011
Nouveau réveil aux aurores pour Philippe, Thierry et moi qui nageons la première épreuve du matin : le 400m nage libre messieurs.
Avec mon 1500m de l'avant veille, j'espère bien considérablement améliorer mon meilleur temps sur la distance.
En effet, mon meilleur en grand bassin est de 4'50".
Et lors de mon 1500m, je suis passé en 4'54"83...
Avec ça, j'aimerais descendre en dessous des 4'40".
Surtout que là encore, il y a un sacré niveau dans ma catégorie.
J'ai le 9ème temps d'engagement. Le premier est engagé en 4'10"56, le 2ème en 4'14"07, le 3ème en 4'22"34... Une autre galaxie.
Le problème d'avoir le 9ème temps d'engagement c'est que je ne nage pas dans la dernière série. Je suis dans l'avant-dernière... qui est une série doublée ! Ce qui veut dire que nous allons nager à deux dans la ligne. Pas cool comme conditions.
A 9h00, mon voisin de ligne et ses copains de série partent.
30 secondes plus tard, c'est à mon tour de partir.
Je fais un bon départ (décidément, il faudra vraiment que je remercie Marco de m'avoir fait travailler les départs quand je le reverrai). Je sors de l'eau devant.
Je mets plus de rythmes qu'au 1500m. Il faut impérativement que je parte vite. Vu la manière dont j'avais relancé sur mon dernier 100m, je dois être capable de tenir le rythme et d'accélérer encore sur le dernier 100m.
Après ma coulée du 50m, j'ai une avance confortable sur ceux de ma série qui sont partis en même temps que moi.
Aux 75m, je croise mon voisin de ligne. Mon Dieu qu'il fait des vagues l'animal !! Je manque de peu de boire la tasse. Il doit nager comme une mule...
100m. Je pense que je suis sur le bon rythme (ça fait mal). Il faut que je tienne encore 100m supplémentaire et ensuite je relance.
125m. Re-grosses vagues en croisant mon voisin de ligne. Décidément, je suis tombé sur une brute. C'est bien ma chance...
150m. Je suis largement devant dans ma série. J'essaie de maintenir des coulées rapides et de remettre du rythme à chaque sortie de coulée pour ne pas m'endormir (ce n'est pas un 1500).
175m. J'anticipe le passage de mon voisin en respirant du côté opposé. Ca passe mieux, mais il fait vraiment PLEIN de vagues. C'est super gênant.
200m. Allez ! Je relance !
Enfin...
J'essaie.
C'est sacrément dur.
Je baisse la tête. Je mets plus de jambes et j'essaie de prendre plus d'eau. J'essaie de bien me concentrer sur mes appuis. J'en oublie mon voisin de ligne et ses vagues à chaque mi-longueur. C'est vraiment pénible (pour ne pas dire autre chose).
250m. Nouvelle relance !
Ouh là là... Je ne nage pas très bien. Je m'attache à maintenir le rythme (et je pense bien à respirer du bon côté à mi-longueur cette fois).
300m. Allez, c'est à mon tour d'y aller comme une mule. Je mets plus de fréquence sur les bras et surtout sur les jambes. Je dois avoir une dizaine de secondes d'avance sur les nageurs de ma série. Cette avant-dernière longueur me paraît interminable. Je ne sais pas bien si je vais pouvoir accélérer à nouveau sur ma dernière longueur, j'ai l'impression d'être au maximum.
350m. C'est quoi 50m dans une vie ? C'est rien ! Allez, je serre les dents, je baisse la tête et je bourrine sur les jambes faute d'arriver à y aller plus fort sur les bras. Je ne respire pas dans les 10 derniers mètres et c'est fini !
4'44"22.
Ah.
Tout ça pour ça. Je suis super déçu. Ce n'est "que" 6s de mieux que mon meilleur temps.
La vraie déception viendra quand mes temps de passage seront affichés peu après :
- 1er 100m : 1'07"13 (pas mal)
- 2ème 100m : 1'11"91 (correct, passage aux 200m en 2'15"46)
- 3ème 100m : 1'13"48 (ça, c'est VRAIMENT pas terrible... tu parles d'une relance...)
- 4ème 100m : 1'11"70 (et ça c'est super décevant : je suis revenu moins vite que sur mon 1500m...)
Et même si j'avais nagé seul dans ma ligne, j'aurais gagné quoi ? 1s ? 2s ? Ca n'aurait pas changé grand chose...
Pas un très bon 400m, comparé au 1500m.
Au moins, je sais ce que je veux le plus améliorer pour les prochains championnats de France Maîtres d'été à Canet l'an prochain... ^^
Ah oui, avec ça, je finis 6ème (pour l'anecdote, le 3ème a nagé en 4'36"60... Tiens ! Moins de 4'40"...).
J'ai plus de 10h avant mon 200m dos qui est la toute dernière épreuve de la journée (et où je suis dans la toute dernière série).
Après avoir mangé, nous décidons de retourner à l'hôtel avec Philippe pour faire la sieste au frais. Ca sera mieux pour récupérer qu'en plein soleil (il fait vraiment super chaud).
Sur la route de l'hôtel nous croisons Mme Guillais qui attend le bus en plein soleil.
Je lui fais coucou de loin et elle me répond "Hep ! La piscine c'est dans l'autre sens !!"
Scotché par la répartie.
90 ans paraît-il... J'ai vraiment du mal à le croire...
La sieste à l'hôtel, dans la chambre climatisée, fait vraiment du bien.
Je ne profite cependant pas de l'hôtel très longtemps. Un sombre problème d'organisation pour l'épreuve d'eau libre du lendemain m'incite à revenir à la piscine pour aller voir le secrétariat. Tant pis pour le plan "je ne reste pas au soleil l'après-midi"...
Heureusement, je ne suis pas rentré pour rien, après bien des frayeurs, nous pourrons finalement nager le 3km eau libre le lendemain !
Et puis ça me permet de voir les 400m 4nages de Thierry et Fred.
Après le marathon des 100m nage libre (une vraie usine : 26 séries dames, 51 séries messieurs, 3h d'épreuve) c'est enfin le 200m dos et la dernière épreuve des France.
J'ai choisi d'aller nager cette fois en plus de faire l'échauffement à sec. Ca réveille.
Ai-je besoin de dire que je suis dans une série relevée ? Ces championnats sont décidément plus corsés que les précédentes éditions.
Je suis engagé avec mon meilleur temps : 2'29"30. Encore réalisé aux championnats d'Europe deux ans plus tôt.
Vu ma piètre performance sur le 100m dos, améliorer ce chrono va être difficile. Ca reste néanmoins l'objectif. Somme toute, j'ai nagé un peu moins de 2'18" en petit bassin aux France hiver...
Je pars ligne N°2, à côté d'Alexandre de Trappes.
Le départ est bon, la coulée moyenne. Je m'efforce de prendre de bons appuis tout en essayant d'être bien relâché au retour. Contrairement au 100m, je vois encore Alexandre au virage des 50m, bon signe ?
Je fais une bonne coulée. Je garde une nage efficace en prenant de bon appuis. Il faut que je fasse attention à ne pas avoir une nage trop prudente au risque de refaire les 2'34" des championnats d'Île de France.
100m, je fais une coulée très énergique (surprise, je n'ai pas de problème de respiration). Je suis par contre loin derrière les autres semble-t-il.
J'accélère.
Je réalise que cette année, je n'ai jamais touché la ligne d'eau contrairement à toutes mes précédentes compétitions en basin extérieur. Evidemment, en pensant ça, je suis à deux doigts de venir frotter la ligne d'eau... Changement de cap en urgence, ce qui me ralentit.
125m, j'appuie plus fort avec les bras,
150m. Dernière coulée courte mais rapide. Jambes à fond. Les bras ont un peu du mal à suivre. Il me tarde d'être au bout. Je ne sais absolument pas où sont les autres. Je dois être bien largué.
Ligne blanche, il ne me reste plus que 15m à nager. Mon Dieu que c'est dur. Mes bras sont vraiment chargés. Entre la volonté d'accélérer fort et les faits, l'écart est énorme.
J'arrive enfin.
Je trouve mon temps dans les fins fonds du classement : 6ème en 2'29"83.
Dur dur...
Pas trop mal en soi, mais je ne manque pas de m'étonner de l'écart de mes performances entre elle.
En crawl, j'ai nettement amélioré mes temps (même sur le 400m, même si le chrono m'a déçu) tandis qu'en dos je plafonne. Il y aura à méditer là dessus quand viendra le temps de préparer la prochaine saison...
En tous cas, la partie natation course est finie pour nous.
Direction un resto en centre-ville où j'avais flashé sur le gratin de raviole aux morilles de la carte ^^
C'est trop bien la natation Maîtres.
Dimanche 3 juillet 2011
La dernière épreuve nous attend pour Thierry, Mathieu, Fred et moi : le 3km en eau libre, dans le lac de Serre-Ponçon, le même lac où a lieu le triathlon suuuuuuuper longue distance d'Embrun.
L'accueil étant cette fois à 9h, nous avons le temps de faire la "grasse matinée". Petit déjeuner à 7h30 : youhouuuu !!
9h15 (après quelques facéties du GPS), nous arrivons sur le site de l'eau libre.
C'est beau à en couper le souffle.
Le lac de Serre-Ponçon où avait lieu l'épreuve d'eau libre. Au milieu du lac, l'église Saint-Michel. L'endroit est superbe.
Le point de départ de l'eau libre. Il faut se tenir à la ligne et partir à gauche de la presque-île. La bouée suivant est alors à droite, derrière la presque-île.
Je pars vite me faire tatouer mon N° 85 sur la main et l'épaule et je récupère mon bonnet et le sac où je pourrai laisser mes affaires.
Je confie l'appareil photo à Philippe qui sera notre reporter pour cette épreuve.
Une fois changé et en attendant la réunion technique, je vais mettre les pieds dans l'eau.
- sic -
Elle est bien fraîche.
21°C au bord.
Mais 17°C là où nous allons nager...
Je prends connaissance du plan de l'épreuve.
Nous devons partir à gauche de la presque-île à côté du plan de départ.
Après la presque-île, la prochaine bouée jaune sera à droite. Arrivés là, nous en serons à 1500m. Il faudra prendre cette bouée sur notre gauche et se diriger vers la bouée jaune suivante. Les deux bouées jaunes sont grosso-modo parallèle à la presque-île (cf. photo).
La deuxième bouée jaune devra également être laissée à gauche avant de nous diriger vers la grande bouée rouge qui est en face de l'arrivée. Bouée rouge à laisser encore à gauche avant de se diriger vers la fin, environ 300m plus loin, à côté du point de départ, une grande structure gonflable rouge (que je ne devrais pas trop avoir de mal à repérer).
Une fois que le membre de la fédération a fini la réunion technique et présenté le plan, je ne comprends abso-lu-ment plus ce que je dois faire. J'ai simplement retenu qu'après avoir passé la dernière bouée jaune et en nous dirigeant vers la bouée rouge, nous allions croiser les nageurs de la 3ème vague qui passeront la presque-île (ça ne va pas DU TOUT être perturbant ça...). Bon, je ferai en sorte de ne pas avoir à faire la navigation...
10h15. Notre vague (qui mélange C1, C2, C3 et C4) est appelée. Fred, Mathieu et moi rentrons à l'eau et nous dirigeons vers la ligne d'eau.
L'eau est vraiment fraîche. Pour la 1ère fois, je me demande si je ne vais avoir un problème avec la température...
Je perds de suite la trace de Mathieu et Fred.
Je me dirige sur le côté gauche de la ligne qui m'a l'air d'être le plus proche de la pointe de la presque-île.
Problème : je suis loin d'être le seul à m'être fait la réflexion. Nous sommes tellement nombreux que je n'arrive même pas à me tenir à la ligne (nous devons tenir la ligne d'eau jusqu'à ce que le signal du départ soit donné). Par défaut, je me tiens à la bouée.
Le départ de notre vague. Je suis quelque part à côté de la bouée jaune.
Je suis en train de me dire que je me suis très mal placé finalement. Le départ va être un carnage. Il va vraiment falloir que je joue des coudes dès les premières secondes pour passer devant.
Nous attendons ce qui me semble une éternité que 10h30 arrive et que le départ soit donné (beaucoup finissent par hurler au bateau des organisateurs qu'il fait froid et qu'il est temps de donner le départ).
Rien n'y fait, nous attendons.
Le départ est ENFIN donné.
Je m'élance de suite en avant. J'avais raison :
- c'est un carnage ce départ. Je me surprends à nager par dessus quelqu'un (désolé)
- je suis très mal placé
Ceux qui étaient plus à ma droite, on pu tirer la ligne en avant, se rapprocher de la presque-île et partir dans de meilleures conditions.
Fred a été plus malin que moi : il a suivi les cadors de l'eau libre (dont le David qui avait nagé 16'42" sur le 1500m nage libre) qui s'étaient mis à cet endroit là.
Au bout de 200m, j'ai fait un peu de ménage autour de moi mais j'ai le coeur qui bat à toute allure, et je suis décroché du peloton de tête. Il semblerait que j'emmène avec moi, le deuxième peloton. Tant pis, il faut que j'essaie de rattraper le groupe de devant.
Mais avec le coeur qui bat à cette allure, je vais craquer avant la fin du 3km.
Je m'applique à nager mieux. Les gens devant moins sont relativement visibles. Je n'ai donc plus besoin de regarder devant tous les deux coups de bras. J'alterne une respiration normale et une respiration devant.
Ca va mieux.
Je passe la presque-île. Il y a beaucoup de monde qui est là à nous encourager. C'est super sympa.
Mais il y a aussi beaucoup de clapot. C'est beaucoup moins sympa.
Quelqu'un revient à mon niveau. Je reconnais Olivier, catégorie C4 contre qui David avait nagé le 200m nage libre à Dunkerque. Nous restons comme ça un long moment à nous regarder en chien de faïence quand nous respirons tous les deux temps. Olivier finit pas accélérer. Fort. J'hésite à le suivre. Il part vraiment vite. Je choisis de rester sur mon rythme.
Bon choix a priori. Olivier a juste rejoint le gars juste devant moi.
Je ne vois pas très bien la bouée jaune. J'espère que les deux gars devant moi savent mieux où ils vont que moi...
Mon petit doigt droit commence à faire des siennes. Je n'arrive plus à le contrôler et je n'arrive pas garder tous mes doigts de la main droite joints quand la main rentre dans l'eau. Je ne le sens plus en fait. Je pense qu'il doit être engourdi par le froid. Au bout d'un moment, j'arrive de nouveau à garder les doigts joints sans que je comprenne bien comment j'ai réussi à le faire...
J'ai régulièrement du clapot à ma gauche. Je respire donc à deux temps du côté droit. J'essaie toutefois de respirer à gauche de temps en temps pour ne pas finir par avoir mal au cou.
A l'approche de la bouée jaune, je rattrape un des gars de devant (ce n'est pas Olivier). Il reste deux gars visibles devant moi. Le peloton de tête doit être parti loin devant et ces deux gars là ont dû en être décrochés.
Au passage, de la bouée, je tourne à gauche et je me retrouve avec le clapot de face. Vraiment pas facile lorsque je regarde devant pour faire la navigation. Heureusement, la bouée jaune suivante n'est pas loin et est assez visible. Ca facilite la trajectoire.
Et puis je réalise que j'en suis déjà à la mi-course. Je fais un semblant de relance en m'appliquant sur ma nage.
Je passe la dernière bouée jaune.
Je vois les deux gars devant mais je ne vois pas la bouée rouge. Il me faut plusieurs prises de repères pour la trouver. Je ne tiens pas non plus à suivre aveuglement les deux devant...
Nous faisons le yo-yo. Quand je semble être sur le point de revenir dans leurs pieds, ils réaccélèrent. Je réaccélère alors, les rattrape... et ils en remettent une couche...
Ca commence à être long. Et je commence à bien fatiguer.
Quelqu'un passe à mon niveau, dans l'autre sens.
Que ce passe-t-il ?
Je me suis trompé de sens ?
Bonnet rose : c'est une fille. 3ème vague.
Tout est normal : elles nagent dans l'autre direction.
Je confirme : c'est perturbant.
Un petit bateau de plaisance rouge passe quasiment à mon niveau.
Nouvelle frayeur. Bateau des organisateurs ? Peut-être me crient-ils quelque chose ?
Je continue de nager mais essaie de tendre l'oreille.
Non. Je ne crois pas qu'on s'adresse à moi.
Pas géné les plaisanciers de s'approcher aussi près des nageurs...
(je vais découvrir à mon arrivée que ce n'était pas du tout un bateau de plaisance, mais un pédalo, dirigé par Philippe qui s'égosillait à nous encourager...) ^^
Entre la dernière bouée jaune et la bouée rouge. En train d'essayer de rattraper les deux gars devant moi
A l'approche de la bouée rouge, cette fois, je rattrape vraiment les deux gars devant moi.
Je passe le premier qui nage beaucoup plus à gauche que moi.
Il me reste "maillot de bain rouge" devant moi.
Je le dépasse à la bouée rouge.
A la bouée rouge, il me reste 300 - 400m à faire. Je vois clairement la structure gonflable qui délimite l'arrivée.
Je pique un sprint.
Je dépose "maillot de bain rouge". Pas question qu'il me rattrape. Il faut que je maintienne l'allure.
Je reviens à une respiration tous les 3 temps pour nager plus fort. Je nage bien droit tout va bien.
Par contre, plus l'arrivée approche, plus tout commence à devenir flou. J'y vais vraiment fort.
Je n'ai aucune idée d'où est "maillot de bain rouge" mais la pensée qui m'obsède est "je ne me ferai pas doubler". Je bats à fond des jambes.
Je suis à l'arrivée. Il faut toucher le panneau au dessus de l'arrivée. Je prends mon élan et... manque le panneau. Il est vachement haut et je suis complètement cuit. Je dois m'y reprendre à une deuxième fois pour toucher le panneau.
J'ai fini.
Je me retourne.
Ouf : "maillot de bain rouge" ne m'aura pas rattrapé malgré cette arrivée ratée.
On me hurle "le bonnet", "le bonnet".
J'ai du mal à saisir d'où ça vient mais je donne mon bonnet à la main qui est tendue vers moi. La main semble appartenir à une dame.
Bigre. J'ai du mal à m'y retrouver.
Il faut encore nager un peu pour rejoindre la rive.
Mettre pied au sol fait vraiment du bien.
Il y a un peu de monde déjà sorti. Mais moins que les fois précédentes. J'ai dû mieux nager. Je reconnais 2 C1. Je ne sais pas dans quelle catégorie sont les autres.
Je repère le buffet (facile, c'est là où tout le monde est entassé).
On me propose un thé chaud. J'accepte. Erreur : le thé est brulant. Je ne suis pas prêt de le boire. Fred m'a rejoint. Il a dû sortir de l'eau peu après moi.
Je me rends compte que je tremble et je n'arrive pas à arrêter les tremblements, alors qu'il ne me semble pas avoir froid. Enfin... je ne sens pas grand chose en fait.
Il me faudra 15min et forces thés, bananes et fruits secs pour revenir à un état normal.
Et je ne suis pas le plus à plaindre. Mathieu est sorti de l'eau complètement frigorifié.
Au fur et à mesure que je reprends mes esprits je me rends compte à quel point j'ai mal aux bras. Aux triceps en particulier.
C'est simple, je n'arrive même pas à toucher mon dos... Oui, j'ai vraiment dû y aller fort.
Une fois que nous sommes tous réunis (Thierry était au départ de la 2ème vague), nous nous changeons et partons sur la presque-île à côté du départ. Nous avons du temps avant l'annonce des résultats : il y a encore du monde dans l'eau...
C'est l'occasion de réaliser une foi de plus à quel point le lieu est magnifique.
C'est beau non ?
Et elle n'est pas belle aussi l'équipe de Versailles ?
Avec de gauche à droite : Philippe, Mathieu (enfin réchauffé), moi, Fred et Thierry
Après une longue attente, les remises des podiums ont lieu.
Et là, deux bonnes nouvelles : Fred et Thierry sont tous les deux médaillés de bronze dans leur catégorie respective (C2 et C5) !!
Thierry et Fred, médaille de bronze du 3km eau libre (catégories C5 et C2 respectivement)
Nous pouvons rentrer les bras lourds mais le coeur léger : )
Nous aurons les résultats exhaustifs de l'épreuve plus tard dans la semaine. Au final, je termine 5ème de ma catégorie en 38"14'.
Content : )
Et avec cette épreuve, c'est une saison de natation qui s'achève.
Un mois de juillet léger s'annonce pour moi.
Le prochain objectif est maintenant le trophée 114 du Bordeaux Etudiants Clubs les 12 et 13 novembre. Je compte m'y engager sur :
- 50 pap
- 50 dos
- 50 brasse
- 50 crawl
- 100 pap
- 100 dos
- 100 brasse
- 100 crawl
- 200 pap
- 200 dos
- 200 brasse
- 200 crawl
- 400 crawl
Soit TOUTES les épreuves proposées lors de ce meeting (deux demi-journées)...
Un défi un peu fou-fou mais bien motivant : )
A SUIVRE