Voilà comment ça s'est passé.
Jeudi 20 septembre 2012
7h20 : Je suis au volant de Choupette, direction le boulot. Mon esprit divague sur les compétitions du moment. Je me dis que ce début de saison est très chouette.
Samedi j'ai nagé aux championnats de France d'eau libre par équipe avec Fred et Thierry. Un 3km où nous partons tous les trois ensemble et où le temps du dernier nageur est retenu. Cela veut dire, de la tactique, de l'esprit d'équipe et cela a aussi voulu dire eau à... 16°C... Malgré ça, nous avons passé un EXCELLENT moment ensemble. Et pour ne rien gâcher nous finissons tout de même 7ème équipe messieurs toutes catégories confondues. Pas mal pour une équipe de Maîtres !
Dimanche qui arrive j'ai la Traversée de Paris et des Hauts de Seine en aviron. Une randonnée de 26km qui part de l'Île de Monsieur (en face du siège de Renault à Boulogne-Billancourt), qui remonte la Seine jusqu'à l'île de Cité puis demi-tour.
Nous partirons au petit matin donc, avec un peu de chance nous devrions voir le lever de soleil sur la tour Eiffel.
En fait, ce qu'il manquerait après ça, c'est une course à pied.
Alors j'ai bien la "Foulée des établissements" qui est une (petite) compétition au boulot. On court par équipe (trois coureurs et un marcheur) mais j'aurai juste à courir 1 puis 2km à faire. Et c'est mi-octobre.
Ce qui aurait été rigolo c'est une course à pied le week-end après la traversée de Paris...
...
Mmmmm... c'est le week-end du Paris-Versailles justement...
...
Oui mais les inscriptions sont closes...
...
Mmmmm...
Mais j'y pense... Bruno, mon collègue ne pourra pas y participer, il s'est fait mal à la cheville. Peut-être que je pourrais lui racheter sa place ?
7h35 : Bruno est arrivé avant moi au boulot.
- Salut Bruno
- Salut
- Dis-moi, Bruno, tu penses que ça peut se racheter une place pour le Paris-Versailles ?
- Beh c'est tard, on ne peut plus changer le participant
- Mmmmm... tu serais OK pour que je te rachète ta place et que je cours sous ton nom ?
L'affaire s'est conclue comme ça...
C'est au fur et à mesure de la journée que j'ai réalisé ce que je venais de faire.
Moi, inscrit pour une course à pied...
16km.
J'ai l'habitude de ne jamais agir sur un coup de tête, pour éviter de faire des actes déraisonnables.
Bon.
Là... je n'ai pas réfléchi à ce que je faisais.
La distance ne me fait pas peur. Pas plus que le profil du parcours. Quand je vais au travail en courant le mercredi, ça me fait 10km à l'aller et 10km au retour.
16km, ça ne fait pas beaucoup en plus.
Non, ce qui m'inquiète plus c'est la manière de gérer ça. Je cours habituellement seul, parfois avec quelques collègues le vendredi midi mais sans autre but que l'entretien physique.
Le parcours du Paris-Versailles : 16km avec une belle montée (la côte des Gardes) au kilomètre 6 sur 2km et une dernière côte traitre au kilomètre 13 à Viroflay.
Bon, nous verrons bien...
Lundi 24 septembre 2012
19h30 : J'arrive à la piscine pour faire de la PPG avant mon entraînement.
La traversée de Paris s'est SUPER bien passée hier.
C'était magique. Nous avons effectivement eu droit au lever de soleil sur la tour Eiffel. Et Paris s'éveillait sur les monuments qui ont suivi : le quai Branly, le pont Alexandre III, le grand palais, le musée d'Orsay, le Louvre, Notre Dame, l'île de la Cité (mais je n'ai pas vu le glacier Berthillon...)...
L'organisation était top.
Et nous avons fait une très belle rando.
A part au départ (un peu la cohue quand les 200 bateaux sont partis en même temps) et aux changements de barreur, JAMAIS nous ne nous sommes fait doubler. Même s'il s'agissait d'une randonnée, j'ai bourriné tout du long. Pour moi c'était le concours aux plus gros bouillons (les tourbillons en forme de pépito qui se forment quand on sort la pelle de l'eau).
Ce lundi soir... et bien j'ai bien mal aux fessiers !
Et après 10 minutes de PPG, et bien, j'ai aussi mal aux abdos !
Ca devrait passer d'ici au Paris-Versailles.
Samedi 29 septembre 2012
08h15 : Début de l'entraînement du samedi matin.
Je commence à regretter d'avoir dit à Violaine, ma coach, qu'en ce début de saison je voulais travailler mes points faibles : le papillon, la brasse et le sprint.
Aujourd'hui, c'est une spéciale 200m moitié crawl, moitié spécialité. Et la spécialité de la semaine c'est... papillon !
Super.
5100m plus tard dont 1900m de papillon (...) nous passons à la PPG conclue avec de la corde à sauter.
Je soupçonne Violaine de faire en sorte que je mette plus de 2h le lendemain.
- Beh qu'est-ce que tu crois ? Comme ça, je suis sûre de te battre demain !
Répond-elle.
CQFD
13h15 : Bon... je vais à l'aviron cet après-midi ou pas ?
Je l'ai bien senti passer l'entraînement ce matin...
...
Bon, j'y vais...
21h50 : Je dors profondément dans les bras de Morphée après avoir lu (plusieurs fois) approximativement 3 lignes de Sciences et Vie...
Dimanche 30 septembre 2012
06h30 : Je me réveille tout seul, 25min avant le réveil.
C'est bon signe, ça veut dire que j'ai bien récupéré de la veille !
D'ailleurs, je me sens vraiment reposé.
Mais je profite des 25min qui me restent dans mon lit douillet.
07h30 : Bon ?
Je vérifie que j'ai bien tout préparé.
- Puce : OK
- Dossard : OK
- Epingles à nourrice : OK
- Sac à dos avec poche d'eau remplie et barres de céréales : OK
- Chaussettes : Pas OK
Faut quand même que j'en mette avant de partir.
Zut.
Tout est au sale.
Ah non, il m'en reste une paire de sport potable. Aux deux petits trous près à chaque gros orteil. Bon... personne ne regardera mes pieds, ça fera très bien l'affaire (la prochaine fois, je penserai à faire une lessive AVANT la course au lieu de la prévoir APRES la course...).
Tenue de course : shorty au dessus des cuisses, maillot près du corps, chaussures de trail (ce sont celles avec lesquelles j'ai le plus l'habitude courir, je n'ai pas envie de prendre mes New Balance avec lesquelles j'ai très peu couru ni avec mes Sauconny qui sont encore neuves).
J'enfile mon jogging "France Maîtres" par dessus, je prévois de le déposer au départ pour qu'il soit rapatrié sur Versailles ensuite. Ca me tiendra chaud d'ici là. Il a l'air de faire frais dehors.
Et j'ai aussi un coupe-vent très fin que je garderai jusqu'à la dernière minute puis que je mettrai dans mon sac à dos.
08h00 : Oui, ça pince dehors !
Il fait 4°C d'après le tableau de bord de Choupette...
Quand j'arrive à Versailles, je me rends compte que le parking de Sceaux est BLINDE !
Fichtre. Je vais peut-être perdre du temps à chercher une place de parking.
Même pas, juste devant moi, une voiture s'en va !
Ouf, je suis garé à côté de la gare de Versailles Rive-Gauche. Parfait !
Quand je sors de la voiture, je trouve qu'il fait bon. Je regarde autour de moi : il y a PLEIN de monde qui fait le Paris-Versailles et qui se dirige vers la gare. Tout le monde est en short.
Je décide de laisser mon jogging dans la voiture. Ca fera un soucis en moins à gérer au départ.
J'arrive à la gare en même temps que Raph !
- Tiens ? Tu fais le Paris-Versailles ?
- Yep !
Et c'est parti mon kiki.
J'ai l'impression qu'il n'y a QUE des coureurs dans le train.
Tout le monde est en short / shorty / pantalon de running, couvert d'un K-Way ou d'un sac poubelle (très élégant... à suggérer à Lady Gaga).
Ceux qui prennent le train de bon matin doivent se demander pourquoi le RER est bondé si tôt...
09h00 : Nous arrivons à la station Champs de Mars.
Tout le monde descend. C'est déjà la cohue pour sortir.
Nous nous disons au revoir avec Raph, il va directement au sas de départ. Tant mieux, je lui dit que ça m'énerverait de le voir partir à toutes berzingues... ^^
10 secondes après avoir dit au revoir à Raph je tombe sur... Natalia !
Décidément, il y a beau y avoir 24809 coureurs, on peut retrouver ses amis !
Natalia a l'air en forme. En tous cas, elle est pétillante comme d'habitude. Elle est avec deux amies. Elles vont au sas de départ également. Moi, direction le p'tit coin pour le traditionnel "pipi de la peur".
Je me dis que ce n'est pas plus mal que je ne parte pas en même temps que Natalia également, elle aussi court comme une fusée...
Une fois passé aux toilettes, je vais à mon tour au sas de départ. J'espère y retrouver Arnaud, mon collègue. Il m'avait dit qu'il s'échaufferait au pied de la tour Eiffel. Mais je ne suis pas à l'heure. Le RER a mis plus de temps que ce que je pensais et j'ai perdu beaucoup de temps pour sortir de la station de RER et pour attendre mon tour aux toilettes.
J'ai beau jeté un coup d'oeil partout, je ne le vois pas. Zut.
Je vais donc au sas de départ. Il est 9h30, je ne vois pas trop l'intérêt de s'échauffer maintenant.
Le premier départ est à 10h et compte-tenu du nombre de personnes devant moi, je ne vais pas partir avant 10h30 à mon avis. Ca me laisserait BEAUCOUP de temps pour me refroidir.
Au pied de la tour Eiffel en attendant le départ...
Dans le sas de départ, nous sommes serrés comme des pingouins sur la banquise.
L'avantage, c'est que ça porte effectivement chaud.
Avec tout ce monde... on n'a pas froid en attendant le départ. Notez l'astucieuse technique du sac poubelle pour avoir chaud à moindre frais.
10h00 : La première vague part.
J'ai vraiment hâte que le commentateur change de discours. J'ai maintenant bien compris qu'il fallait boire et manger aux ravitaillements et que les versaillais au départ vont rentrer à la maison.
A ma droite, il y a des toilettes et des urinoirs.
Scène étrange : certaines personnes jètent leur pull sur les toilettes ou dans les arbres.
J'ai un gars devant moi qui a un beau pull en laine. Lui, le laisse carrément par terre comme certains jètent le sac poubelle qu'ils ont sur les épaules.
J'espère que quelqu'un pourra récupérer ces affaires pour les donner à ceux qui en ont besoin.
10h30 : Je ne suis pas encore parti, mais j'avance au fur et à mesure plus près de la ligne de départ. A priori, plus de 10000 personnes sont déjà parties.
Ces chiffres font tourner la tête.
J'enlève mon imperméable et le met dans mon sac à dos. Ca va, il fait frais, mais je n'ai pas froid (après avoir nagé dans une eau à 16°C, je crois qu'on peut tout faire...)
10h36 : Ca y est ! Je suis dans la prochaine vague !
10h37 : Et c'est parti !
Je me cale sur mon rythme habituel pour aller au boulot ou en revenir.
Au bout de 10m, je me fais doubler par des Mirage 2000. Certains ou certaines galopent sacrément vite.
En fait, c'est globalement ce qui m'arrive sur les trois premiers kilomètres de course. Je double peu de monde mais je me fais doubler par des filles ou des gars qui courent à grandes foulées.
Je me dis qu'il ne faut pas m'emballer. Il ne faudrait pas que je sois claqué avant d'attaquer la fameuse côte des Gardes.
A ce sujet... et bien je ne me sens pas très bien. J'ai le coeur qui bat la chamade depuis que je suis parti. Je n'arrive pas à baisser le rythme.
Si je continue comme ça, la course va être beaucoup plus longue que prévue.
Je bois un peu (prendre un sac avec de l'eau = bonne idée).
Km 4 : Je me sens légèrement mieux. Nous longeons la Seine.
Je joue au chat et à la souris avec une fille qui a un t-shirt BNP. Un coup je suis devant, un coup c'est elle.
Je n'arrive pas à me rendre si c'est elle ou moi qui change toujours de rythme. Ou les deux.
Km 5 : Je n'ai pas la réponse, mais je suis passé devant pour de bon.
J'arrive au ravitaillement.
Comme Arnaud me l'avait dit, c'est un bazar sans nom.
Des bénévoles sont là de part et d'autre de la route à tendre de l'eau ou des cartons avec dedans ce qui semble être des carreaux de sucre.
Je me redis que prendre mon sac avec moi était une sacrément bonne idée : je double PLEIN de monde à cet endroit là.
Après ça, je me fais un peu moins doubler.
On va dire, que je double autant de personnes que des personnes me doublent.
Si je suis au kilomètre 5, ça veut dire que je vais bientôt arriver au kilomètre 6 (... bac+5 quand même le gars...) et donc que j'arrive bientôt à la côte des Gardes.
Ca tombe bien, je suis enfin bien.
Je cours en amortissant bien chaque foulée sur la pointe des pieds.
Les foulées s'enchaînent toutes seules. Pas trop grandes, comme David m'avait montré, mais avec de la fréquence.
Quand j'arriverai à la côte, je garderai la même fréquence mais réduirai l'amplitude.
Km 6 : La côte est en vue. Ca attaque doucement.
Sitôt que ça monte, la magie opère : je double du monde.
La côte se raidit très rapidement (et je découvre que je sais en fait ce que c'est cette côte, je l'ai déjà pris en voiture en me disant à chaque fois que je n'aimerais pas faire des démarrages en côte à cet endroit).
Plus la côte se raidit, plus je double du monde.
D'ailleurs, je finis par courir sur le trottoir à gauche, c'est plus facile pour dépasser.
Il y a bien sûr toujours des gars qui doublent comme s'ils étaient en pleine descente. C'est assez incroyable. Et certains ont le gabarit de rugbyman. Vraiment impressionnant.
Raph m'a prévenu que la côte était une succession de montées franches et des faux plats et qu'il ne fallait pas s'emballer avant le dernier passage pavé. Je garde ça bien en tête pour ne pas m'enflammer.
Je me sens toujours bien, je double toujours plein de monde et je ne suis pas encore trop essoufflé.
Km 7 : J'ai fait la moitié de la côte des Gardes.
Je cours tout le temps sur le trottoir de gauche.
Depuis le départ il y a en permanence des supporters au bord de la route.
J'ai l'impression qu'il y en a encore plus dans cette côte. C'est vraiment très sympa.
Le temps est vraiment superbe. Il fait grand soleil mais pas trop chaud.
Quand nous aurons fini la montée, je boirai et mangerai une barre de céréales (dans la montée, je sens que ça ne passerait pas bien).
Nous arrivons dans une montée pavée. Ca doit être la dernière côte.
Effectivement tout en haut une dame nous encourage : "C'est bon ! Vous avez fini la montée, maintenant c'est plat !". Nous tournons à droite, petit faux plat et nous revenons sur du presque plat.
Je me retrouve à côté d'un gars avec un sac à dos comme le mien, nous courons à la même allure. Il respire comme un boeuf. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir où il est...
Maintenant que c'est plat, j'augmente la foulée, boit et sors une barre de céréales.
Donc voilà, c'était THE GROSSE ERREUR de la course.
Les barres de céréales, on s'étouffe avec.
Je me rends vite compte de ma bêtise et prend des toutes petites bouchées que je mets un temps infini à mastiquer pour être sûr de ne pas m'étouffer.
M. Boeuf boit également.
Nous arrivons au ravitaillement, c'est à nouveau la cohue. Je cours bien au milieu. M. Boeuf sur mes talons.
Nous doublons pas mal de monde mais rapidement, même la partie centrale est encombrée de coureurs ou coureuses qui mangent ou boivent à petites foulées (entre temps j'ai laissé la moitié de ma barre de céréales non mangée dans ma poche).
Nous commençons un slalom digne de Mario Kart avec M. Boeuf. Je dois piquer quelques sprints pour ne percuter personne. J'en perds M. Boeuf (ou en tous cas, je ne l'entends plus respirer).
Je suis vraiment super bien à ce moment là.
Facile. C'est la mi-course. C'est bien, ça.
Km 9 : Toujours plus de forêt autour de nous.
Le cadre est vraiment super.
Nous attaquons une belle descente. A ma surprise, je double pas mal de monde en descente (je pensais que je me ferais doubler par toutes les personnes plus massives que moi).
La descente finit et nous remontons. Je double moins de monde que dans la côte des Gardes.
AÏEEEEEEEEEEEE
Je suis en train de me faire piquer au mollet gauche.
Je regarde, j'ai un truc E-NOR-ME en train de me piquer.
Je n'arrive pas à reconnaître si c'est une guêpe mutante, un taon, un frelon ou un truc encore plus exotique.
J'essaie de taper sur la chose une première fois.
Raté.
La bestiole est toujours en train de me piquer.
Je n'en reviens pas. Je lui ai fait quoi à cette bête ???
Deuxième essai : raté aussi.
Mais la "chose" est partie.
Ouf.
Ca fait super mal.
Un gars me double et me demande : "ça va ?"
Oui, oui, ça va.
(Je ne vais pas m'arrêter pour ça, et si tu avais vraiment de la compassion, tu ne me doublerais pas à ce moment là -comment ça j'ai mauvais esprit ???-).
Mais n'empêche ça fait super mal (je radote, mais ça faisait vraiment SUPER mal).
Je me fais la réflexion que le venin va circuler encore plus vite avec tout le sang qui passe dans les jambes.
Génial.
A l'évidence, ça ne m'empêche pas de courir, c'est ce qui compte (je ne veux surtout pas regarder mon mollet, ça serait un coup à marcher sur un caillou et se tordre la cheville - nous sommes maintenant dans un chemin de forêt -)
Km 10 : Olivier, il faut que tu penses à autre chose qu'à cette piqûre.
J'ai l'impression que comme au départ, il y a maintenant plus de monde qui me double que je n'en double.
Le chemin est plus étroit, donc il faut souvent slalomer entre les gens.
Je réalise que je n'ai pas regardé le chrono.
Je suis parti il y a moins d'une heure. J'ai du mal à faire le calcul mental (je n'ai même pas l'idée de basculer sur le chrono). Ca doit faire 55 minutes.
C'est pas trop mal. Ca doit permettre de faire moins de 1h30min, mon objectif.
Nous attaquons une sacrée descente.
C'est tout feu tout flamme.
Ca s'entend au bruit des foulées de tout le monde : ça frappe fort sur le chemin.
Je me retiens pour ne pas m'emballer au début, et puis finalement, je me dis qu'il faut en profiter. Je n'ai plus en tête le parcours après cette descente, donc si ça se trouve, c'est ma dernière chance pour doubler du monde.
Km 11 : Nous descendons toujours.
Je suis toujours tout schuss.
Nous attaquons de nouveau une montée puis ça redescend.
J'ai toujours mal au mollet (sale bête).
Puis une autre montée. Puis ça redescend (les montagnes russes quoi...).
J'ai l'impression qu'il s'écoule un temps infini. Il est où le kilomètre 12 ?
Nous attaquons une belle montée.
J'ai maintenant l'impression de ne plus avancer d'un cachou. En tous cas, je ne double vraiment pas grand monde.
Je n'ai vraiment pas envie d'essayer de manger le reste de ma barre de céréales.
Je bois donc pour compenser.
La côte continue mais paradoxalement ça va un peu mieux.
Toujours pas de panneau kilométrique. Je me demande si je n'ai pas aussi manqué le panneau kilomètre 13.
J'ai devant moi une toute petite dame. Je n'arrive absolument pas à la rattraper.
Ca m'énerve.
La côte finit enfin. Il me semble que nous approchons de Versailles.
J'essaie de me relancer. Je n'y arrive pas mais je double quand même la petite dame. Ouf.
Je sens qu'il ne me reste vraiment plus beaucoup de jus. Il me tarde d'arriver.
Je crains que je n'arriverai pas à relancer sur la fin et à doubler plein de monde comme j'aimerais le faire.
Km 14 : Enfin !!
Plus que 2 kilomètres. Ou plutôt 2.3km si j'ai bien compris.
Ca descend bien à nouveau. Plein de monde me passe devant.
Nous passons sous un pont et ça remonte sur un faux plat.
Je reconnais l'endroit où nous sommes : nous allons bientôt rejoindre l'avenue de Paris !
C'est le moment de relancer !
...
Hummm... je disais donc "c'est le moment de relancer !"
...
Boooooon... rien ne se passe. Je n'ai pas le pep's pour remettre du rythme.
A ma gauche, j'ai deux gars qui courent ensemble. Le gars devant dit à l'autre :
- C'est bon, on est presque arrivés
- J'en peux plus
Celui devant a l'air frais comme un gardon, il pique un petit sprint puis revient au niveau de son compère, l'encourage, puis repart.
Je n'en reviens pas de son état de fraîcheur.
Nous sommes maintenant sur l'avenue de Paris.
Je réalise qu'il reste encore du chemin à parcourir. On m'avait prévenu que la fin de la course semblait interminable.
J'ai l'impression de flotter dans mes chaussures. Je crois que mes chaussettes font des plis sous mes orteils. Ca changera des ampoules aux doigts après l'aviron... (et ça m'apprendra à ne pas laver mes vraies chaussettes de course à pied avant une course).
J'essaie de nouveau d'accélérer. Ca marche... un peu...
Autour moi, certains me doublent à fond les ballons.
Ca commence à faire long là maintenant. Et j'ai toujours mal au mollet gauche.
Il est où le kilomètre 15 ??
Km 15 : Ouf.
Allez, il ne reste plus grand chose.
Je vois devant mois des photographes répartis le long de l'avenue.
Je mets mes lunettes de soleil sur la tête, et m'entraîne à faire des grands sourires (je dois avoir l'air un peu neuneu...).
Première vague de photographes : grand sourire (cheeeeeeeeese) et petit "V" de la victoire en vrai japonais de coeur.
Allez, on relance Olivier.
Oula, la la... peuchère... c'est dur.
Je vois l'arrivée au loin.
Ca ne m'aide pas à accélérer.
C'est dur.
Deuxième vague de photographes : Cheeeeeese !
Allez, Olivier : RELAAAAAAANCE !
Je suis au rupteur mais je ne vais pas beaucoup plus vite.
Km 16 : c'est juste avant l'arrivée. Il n'y a pas 300m.
Et voilà !
Arrivé !
Je marche.
J'ai la tête qui tourne et mal au mollet.
Je regarde enfin mon mollet. Il est rouge, mais rien d'affolant.
Zut !
Le chrono ! J'ai oublié.
Je bidouille ma montre et arrête enfin le chrono. Je sais que j'ai fait moins de 1h27'48", mais je ne sais pas combien de temps s'est écoulé entre mon arrivée et le moment où j'ai stoppé le chrono.
Je passe différents sas où on me remet successivement : bouteille d'eau (merci ! bon courage !), sac de ravitaillement (merci ! bon courage !), médaille (merci ! bon courage !) et où on récupère finalement ma puce (merci ! bon courage !).
Je farfouille dans mon sac pour trouver mon téléphone. Elodie devait être à l'arrivée mais avec tout ce monde... impossible de la trouver.
Je l'appelle, elle vient de rentrer chez elle (je pensais partir et donc arriver plus tôt).
Par contre, peu après, je retrouve Natalia !
Elle a fait 1h10' !!! Incroyable !
Je jette un coup d'oeil, mais je ne vois pas Arnaud (il y a tellement de monde...). Tant pis, nous en discuterons demain au boulot.
Allez, retour au bercail ! (je m'étonne que finalement je vais plutôt bien).
Dans la voiture, je réalise la grande différence entre la natation et la course à pied : après une compétition de natation, au pire, la voiture sens le chlore et la serviette mouillée, après une compétition de course à pied, ça sent le fennec et le vestiaire...
Je préfère la natation...
Néanmoins, je suis vraiment content d'avoir fait ce Paris-Versailles.
Le cadre était super (partir de la Tour Eiffel et arriver au château de Versailles c'est quand même grandiose), le temps parfait, et l'organisation tip-top.
Je me dis cependant que je ne me vois pas faire des courses plus longues. 16km, c'est très bien !
Pourquoi pas en refaire...
A oui, le chrono officiel reçu dans l'après-midi : 1h27'04"