mercredi 30 avril 2014

Natation - Compétition : Championnats de France Maîtres hiver 2014

Me voilà de nouveau derrière mon clavier pour (essayer de) faire un bilan de mes derniers championnats de France en bassin de 25m qui se sont déroulés fin mars 2014 à Paris.
J'aurais préféré n'avoir qu'à écrire le récit des quatre jours de compétition mais pour faire un bon résumé je dois porter mon regard à partir de la mi-décembre 2013.

15 Décembre 2013

Après quatre jours passés à Sao Paulo chez Thomas et Andreia, me voilà arrivé à Curitiba, capitale de l'état du Parana au Brésil, chez David & Sandy. 
J'ai devant moi quelques jours de travail à l'usine Renault et avec mes collègues de l'ingénierie Amériques et après cela ce sera trois semaines de vacances.

Au début de mon séjour, nous arrivons à nous caser un entrainement matinal avec David dans son club de natation (qui est aussi celui où Philippe B nage) : à 5h du matin dans l'eau. Entrainement assez basique : un 80x50m, départs 1min. 

Aucune difficulté mais je m'étonne de l'avance que j'ai sur David. David est quand même un repère de premier ordre pour moi. Nous nous sommes souvent entrainés ensemble et même s'il m'est déjà arrivé d'être devant lui à l'entrainement, je ne me rappelle pas avoir eu une telle avance sur lui. Alors je sais que David a du boulot par dessus la tête, qu'il mène une vie de dingue et qu'il n'a pas forcément beaucoup de temps pour nager et préfère mettre la priorité sur le vélo et la course à pied en prévision de son IronMan au mois de mai. Je n'en tire pas grand chose d'autre, mais le souvenir me marque.

26 décembre 2013

Après quatre jours inoubliables à Iguacu et de belles fêtes de Noël à Curitiba, nous voilà arrivés à Bombinhas avec David, Sandy, Guerlain, Sullivan et Kevin.
Bombinhas c'est une station balnéaire dans l'état de Santa Catarina au Sud de Curitiba, côté Atlantique.
Au programme : quatre jours de plage !

Bombinhas, Etat de Santa Catarina... fin décembre (vive l'hémisphère Sud !)

Nous en profitons avec David pour nous faire quelques sorties d'eau libre. Là encore, même constat : sans forcer, j'ai vite beaucoup d'avance sur le grand frère. C'est lui, ou c'est moi ?

Pas sûr de moi, mais j'ai quand même l'impression de nager avec beaucoup d'aisance et de relâchement. A trois mois des France, je me dis que c'est de très bon augure si j'arrive à capitaliser là-dessus.

Le problème arrive le deuxième jour sur place.

Après des débuts... "comiques" au body-board (en sautant à côté de la planche...), je commence à prendre le coup et m'amuse beaucoup avec les garçons à prendre les vagues.
Je ne me rappelle plus qui de Guerlain ou Sullivan lance l'idée de prendre les vagues puis de faire un "high five" ("tope là") avec son voisin, en tous cas, je sais que quand je m'essaie à l'exercice avec Sullivan, dès lors que je lève la main pour taper dans celle de Sullivan, je me retrouve le souffle coupé avec une douleur extrêmement vive au côté droit.

Il me faudra une journée pour comprendre que je ne viens pas de faire un faux mouvement mais que je viens de me fêler une côte. Un truc de famille... Une nuit à ne pas pouvoir dormir sur le côté m'aura finalement fait comprendre...


Crotte... je sais d'expérience que ça prend du temps à se remettre.


7 Janvier 2014

Je tente un retour dans l'eau après avoir été plutôt prudent les deux semaines précédentes (avec un souvenir assez douloureux de la sortie en vélo avec David et les garçons). 
Bon, beh, game over.
J'ai toujours très mal.
J'essaie autre chose que le crawl et le dos... La brasse passe PRESQUE, mais pas trop quand même.
Les battements avec une planche ou sur le dos passent PRESQUE également mais ça aussi me fait mal.
Finalement, il n'y a que faire des battements ou des ciseaux, les mains le long du corps, qui ne me fait pas mal.
C'est parti pour des entrainements autour de ça.
Violaine a beau essayé de faire varier, j'ai vite fait le tour et me retrouve à nager sans aucune motivation. 
Dure semaine.

Le bon point c'est que j'arrive à ramer à peu près normalement. 

Ca tombe VRAIMENT très bien, je suis sensé faire une course de 25km en yolette (4 rameurs + 1 barreur) deux semaines plus tard... et je suis sensé la faire à la "nage", c'est à dire à la place de celui qui donne le rythme au bateau (même pas la pression...).

14 Janvier 2014

Une semaine plus tard, j'arrive à faire des jambes avec une planche. Ca change déjà la vie !
Nous en profitons avec Violaine pour travailler mes ciseaux de brasse qui sont absolument calamiteux. Un exercice qui m'aide beaucoup est de faire des ciseaux sur le dos : ça met de suite en évidence le fait que je ne fais pas des ciseaux symétriques. 
Je constate à regret que j'ai beaucoup de (très) mauvais automatismes à oublier. L'apprentissage de ciseaux corrects va être long.

17 Janvier 2014

Si je ne force pas trop, j'arrive à nager la brasse maintenant !
Ca tombe bien, c'est la nage que j'aime le moins ! (youhouuuu)
Mais je suis tellement content d'avoir l'impression de revenir à la normale que je me réjouis vraiment de faire un entrainement 100% en brasse.
Et puis finalement, c'est rigolo d'essayer de suivre le rythme des copains qui sont en crawl quand je suis en brasse. C'est un défi que j'aime. 

A la fin de la séance, je tente quelques mètres en crawl très tranquille : ça passe presque mais au bout de 100m, une douleur me ramène à la réalité : il va encore falloir être patient.


19 Janvier 2014

A la fin de l'entrainement de natation, j'arrive à caser 150m en crawl sans avoir mal.
Très bonne nouvelle ! Et qui tombe à point nommé !

C'est que le lendemain, sitôt ma course d'aviron de 25km terminée aux Coudray-Montceaux, je vais devoir prendre ma voiture pour aller à Savigny-le-Temple et nager un relais 4x200m avec Elodie B, Céline et Raphaël. 


20 Janvier 2014

Nous nous levons aux aurores avec Sébastien, un de mes quatre coéquipiers d'aviron que j'ai hébergé et nous partons pour le Coudray-Montceaux. 
Ce que je crains le plus ?
C'est le fastidieux moment où il faut sortir le bateau du parc à bateau. Il faut presque une heure pour porter la yolette (qui pèse plus de 80kg) de tréteaux en tréteaux, à bouts de bras.
Je m'échauffe très longtemps à sec pour éviter toute mauvaise surprise. 
Ouf, tout se passe bien. 

Le plus dur reste devant : 2h30 d'aviron.


Et finalement... tout se passe bien.

Nous passons un super moment tous les cinq avec Sébastien, Laurence, Benjamin et Richard. Je finis complètement, absolument, à 100% cuit mais je n'ai pas mal à la côte.

Richard, Sébastien, Benjamin, Laurence et moi, juste avant le départ des "Culs Gelés", 25km d'aviron

Je me méfie quand même. Je sais que je suis encore chaud à la fin de la course, j'ai peur que la douleur apparaisse une fois que je me serai un peu reposé. 


Le bon côté des choses, c'est que je n'ai pas le temps de me reposer. Sitôt la course finie, il faut sortir le bateau de l'eau, le remonter au parc à bateaux, démonter les portants et ranger les pelles et tout le matériel. 

Une fois fini, je dis au revoir à mon fabuleux équipage et je pars pour Savigny le Temple.

Je croise Lydia et Yann de Plaisir en arrivant. Le café qu'ils m'offrent me paraît divin. Mais j'ai surtout l'impression que je ne vais pas réussir à me relever. Je suis vraiment H.S.

Je prends quand même mes affaires, vais rejoindre l'équipe de la SNV, prend (ENFIN) une douche, je me couvre chaudement et je m'écroule dans un coin de la piscine où je fais une des plus belles siestes de ma vie.

Le verdict sonne de suite dès mon réveil. Je n'ai PAS mal à la côte !

Youpiiiiiiii !!!!
Si je n'ai pas mal, c'est que c'est bon :)

J'arrive donc à nager mon 200m... complètement au radar, dans une fatigue totale, mais au moins, pas de bobo :)


21 Janvier 2014

A partir de là, je commence à réintroduire d'autres nages dans mes entrainements.
C'est le papillon qui commencera d'abord à passer (sympa les entrainement papillon - brasse).
Puis quelques jours plus tard, j'arriverai à nager aussi le crawl sans jamais avoir mal.
Et il me faudra encore attendre pour arriver à renager en dos.

Au final : fin janvier, j'arrive à renager les quatre nages. Au début, je fais attention à l'allure et au fur et à mesure, j'arriverai à réintroduire de l'allure.


Le bon côté de ce mois de janvier c'est qu'il m'aura fait travailler mes points faibles mais... je suis maintenant à deux mois des France... je n'ai quasiment pas fait de dos qui est ma priorité absolue pour les France.

Si j'ai pu beaucoup ramer et même reprendre la course à pied j'ai dû complètement arrêter la PPG (notamment, absolument impossible de faire le moindre abdo).
Je ne suis pas encore à la bourre, mais il était temps que je reprenne

Février 2014

Gros mois d'entrainement que ce mois de février.
J'arrive maintenant à faire tous les entrainements de natation normalement. J'arrive à refaire de la PPG.
En parallèle de ça, une idée à germer dans la tête de Sébastien et moi : faire une course courte, en aviron, en double. 
L'idée me motive complètement. J'adore ramer avec Sébastien : on est vraiment compatible en termes de techniques, d'amplitude, d'intensité et puis surtout de tempérament. 
En plus, ça me donne une vraie motivation pour la PPG qui ressemble maintenant à de la musculation. Nous nous échangeons des exos avec Seb et je soulève plus de fonte que je n'en avais jamais levée auparavant. 
Dans l'eau, je n'en tire pas de suite quelque chose.

C'est vers mi-février que je constate qu'en dos je commence à être vraiment bien. 

Et tout va aller crescendo... jusqu'à mi mars...

13 Mars 2014

Nous sommes à deux semaines des France. Le week-end qui vient nous allons partir en stage de préparation avec Fabienne à Rouen. 
Dans l'eau, j'ai l'impression de commencer à voler. Je claque des chronos assez épatants en dos (dont un 2'31" sur 200m dos, en grand bain, à une quinzaine dans la ligne à une fin d'entrainement...)

Par contre, à côté de ça, cela fait deux mois que le boulot est assez coton. J'assure deux jobs en même temps. Je suis au rupteur en permanence pour essayer de tout boucler. J'y arrive mais je commence à être bien claqué. 


Je pense que j'aurais d'ailleurs dû voir le truc venir, me connaissant.

Mardi matin, j'ai eu le plus grand mal à me lever pour aller à l'entrainement. Une fois dans l'eau, j'avais cette sensation que j'étais en train de faire "l'entrainement de trop". J'ai subi toute la séance.
Ca m'a décidé à ne pas aller à l'entrainement du jeudi matin pour dormir un peu.
Mais jeudi soir, au bout de 300m... tendinite à l'épaule gauche...

Tristement classique...


Je n'insiste pas. 

Je n'essaie pas de finir la séance en planche.
Je sors de l'eau et vais me coucher. 
J'espère arriver à récupérer assez pour passer au travers du stage.

15 Mars 2014

Premier entrainement de 2h à Rouen avec Fabienne.
Piece of cake
Les sensations sont tops.

Comme une andouille, je suis donc l'entrainement à la lettre. Y compris les 800m crawl en plaquettes.

Oh... pas de soucis... Tout passe. Je fais d'ailleurs de jolis chronos.

Mais je le paie dès le début de l'entrainement de l'après-midi. La tendinite est de retour. Et je fais donc quasiment 2h de planche. 

A prendre du bon côté... je travaille les jambes...

16 Mars 2014

Après une très grosse nuit de sommeil, j'arrive à faire une meilleure deuxième journée de stage. Alors, je n'arrive pas à tout faire en nage complète mais pas loin (et je mets au placard mes plaquettes jusqu'aux France).

Quasiment 25km en deux jours, je crois que c'est bon, je peux commencer l'affutage à 10 jours du début de la compétition.


Normalement, à la suite de ça, il aurait été bon que je fasse du sprint de temps en temps, mais je ne tente pas. La priorité est que l'épaule se remette et que je dorme.


Jeudi 27 Mars 2014
Et bien, nous y voilà. C'est le premier jour des championnats de France.
Je n'ai pas de mal à me lever malgré l'horaire matinale (4h45). Bon point : ça doit vouloir dire que j'ai suffisamment dormi les jours précédents.
Je peux commencer ce qui sera ma routine des quatre jours à venir : beaucoup de temps dans les transports... Dix minutes à pied pour aller à la gare, quarante-cinq minutes pour que mon train m'amène à la gare de Montparnasse - Bienvenüe, puis trente minute dans deux métros, soit environ une heure trente de transport si mes transferts de goupillent bien. Ca sera vraiment le gros point noir de ces championnats... 
Pour ce premier matin, ça n'a pas trop d'importance, je finis ma nuit dans le train et le métro...

La piscine Georges Vallerey. A gauche : le bassin de compétition, à droite : le bassin de récupération

Je suis le premier nageur de la SNV à arriver à la piscine. Fabienne est déjà là et nous attend pour nous coacher.

Aujourd'hui, j'ai une épreuve de mise en route : le 200m 4 nages. 
Aucun enjeu pour moi, aucun objectif si ce n'est d'occuper la journée avant le relais du soir. 

Suivant les conseils de David, je ne fais qu'un seul échauffement avant ma course (au lieu d'un échauffement en arrivant à la piscine et un échauffement une heure avant de nager). Je travaille l'allure sur les quatre nages. Une fois n'est pas coutume pour des championnats de France, je peux m'échauffer dans de bonnes conditions : le 200m 4 nages est la deuxième épreuve de la journée après le 1500m nage libre dames. Ca aide.
Je craignais le pire pour cette compétition avec plus de 2200 nageurs inscrits... Mais ça ne sera pas tous les jours comme ce jeudi matin...

Toujours en suivant les conseils de David (prodigués à Elodie deux ans plus tôt à Angers quand elle était en grand stress avant ses courses), avant ma course, j'enchaine de l'échauffement à sec puis quelques minutes assis bien couvert pour rester chaud. 

Dans la chambre d'appel, je retrouve Benoît de Caen, Waël de Malakoff, Fred de Bron, Laurent de Courbevoie et Bruno de Toulouse. Je réalise que les Maîtres c'est quand même un petit monde.
Après lui avoir donné des nouvelles d'Alexandre de Bordeaux, sans trop de préambules Bruno me demande :
- Il date de quand ton temps au 1500m nage libre ?
- Pardon ?
- Le temps avec lequel tu es engagé au 1500 demain. Tu l'as fait quand ?
(temps d'intense réflexion)
- Il y a deux ans à Angers. Aux France.
- Ah !
- "Ah !" ???
- Oui, c'est un temps un peu vieux. 
- Effectivement, et je n'ai pas préparé particulièrement cette course...
Bon. Il faut donc comprendre que Bruno est venu pour faire quelque chose sur le 1500m nage libre... 
Ambiance de chambre d'appel...

Je nage série 16. L'avant dernière-série C2, couloir 3 avec mon temps d'Angers de deux ans auparant : 2'25"02 (mon meilleur temps malgré un virage dos - brasse catastrophique où j'avais failli changer de ligne en poussant de travers après ma culbute à l'envers).
Même si je n'ai pas spécifiquement préparer le 200m 4 nages, je pense que je peux bien améliorer ce chrono : je me suis amélioré en papillon et surtout en brasse. Et je me sens assez bien en dos.

Je sais que ma course va énormément dépendre de mon premier 25m : si je commence bien mon papillon, je ne me fatiguerai pas inutilement et je ne serai pas trop décroché par rapport aux autres nageurs de ma série (le pap c'est quand même un de mes gros points faibles). Si je pars comme une brute, je vais me crever et j'aurai du mal à finir.

Je pars avec un bon plongeon, fais une bonne coulée et fais très attention à mes premiers coups de bras. J'essaie de ne pas trop me précipiter. 
Ca va. Mais... je ne suis quand même pas très souple...
Je pense donc à nager ample et à ne pas trop accélérer l'allure après la coulée des 25m. Je suis tout à fait dans le coup par rapport à mes voisins. Je ne suis pas très loin derrière le nageur de la ligne 4 et je suis devant mon voisin de la ligne 6 (je n'ai même pas pensé à regarder qui c'était...).
Je fais un virage papillon - dos, honnête et une coulée convenable.
Après quelques coups de bras, la messe est dite : je suis devant mes voisins. 
Je dégage bien mes épaules et j'essaie de tirer le plus d'eau possible. J'avance plutôt bien et je me permets de mettre de la cadence. C'est le dos : il faut que j'en profite pour prendre de l'avance avant la brasse.
Je fais un bon virage aux 75m et une coulée correcte.
Sur le deuxième 25m dos je continue comme sur le premier : de la fréquence et de bons appuis. J'ai visiblement une bonne avance sur mes voisins.
Je passe le drapeau des 5m, je compte quatre coups de bras et... je ne touche toujours pas le mur... CROTTE ! J'ai du ralentir l'allure après les drapeaux et mon quatrième coup de bras ne me fais pas tomber pile-poil sur le mur...
Je ne me risque pas à faire un cinquième coup de bras et je me laisse un peu glisser jusqu'à ce que je touche enfin le mur pour faire un virage dos - brasse sur le côté (j'ai abandonné les culbute à l'envers : ça consomme beaucoup d'air et au moins je suis sûr de ne pas repartir de travers).
C'est marrant ces histoires de virage. Dans ma tête il s'est écoulé une éternité entre mon quatrième coup de bras et le moment où j'ai touché le mur, alors qu'objectivement il n'a dû s'écouler que quelques dixièmes de secondes...
Malgré ce virage un peu raté, je fais une bonne coulée en brasse (qui est vraiment ce que je préfère en brasse décidément). J'envoie des watts dès la reprise de nage.
Oups. 
Ca pique fort.
Et j'en ai oublié la règle d'or en quatre nages : poser sa nage sur les premiers coups de bras après la coulée aux transitions. 
Tant pis : c'est le moment de mettre en application tout ce que j'ai pu travailler sur le dernier trimestre, mes prises d'appui sur les bras, mes ciseaux et tout. 
Je glisse mais je n'ai pourtant pas de super sensations. Et surtout je sens l'acide lactique monter à vitesse grand V dans les bras et les jambes.
La fin va faire très très mal.
J'ai une avance assez confortable sur mes voisins directs et visiblement sur ma série... pour ce que j'en vois...
Je suis content de toucher le mur des 125m pour faire une coulée avant de devoir reprendre cette fichue nage.
Ouh la la... oui, la fin va être rude mais pour l'instant j'arrive à garder l'allure. Gros ciseaux et grosses prises d'appui, retour de mains rapide. C'est dur.
Le virage des 150m.

Je fais une bonne coulée pour me lancer en crawl. C'est d'habitude le moment où je passe en mode pilotage automatique, où je manque clairement d'oxygène à la reprise de nage et où j'ai l'impression que mes bras bougent de leur propre initiative.
Oui, bon là, c'est pas le cas. 
Il y a un mot pour ça : un bambou...
Oh punaise. C'est rude. 
Je n'avance pas d'un cachou. Je vois distinctement que mes voisins me remontent à toutes berzingues. Je ne me laisse pas démonter et je suis bien décidé à ne pas me laisser dépasser mais mes bras ne semblent pas d'accord.
Je fais un dernier virage et une dernière coulée vraiment médiocres. 
En plus d'être à l'agonie j'ai bien conscience de très mal nager. J'y mets du mien mais vraiment... je ne suis pas souple.

Heureusement que ce n'était qu'un 200m 4 nages. Avec un 205m 4 nages mes voisins m'auraient dépassé...

2'25"77

Crotte.
C'est moins bon qu'à Angers.
Je ne connais pas encore mes temps de passage mais je suis à peu près sûr que le 50m crawl a été très mauvais. 
Et j'avais raison : 
- 50m papillon : 30"88 (mon meilleur temps au 50m papillon !!) vs 31"24 à Angers
- 50m dos : 35"67 v 36"44
- 50m brasse : 43"80 vs 44"21 (aux 150m, je suis donc passé 1"54 plus vite qu'à Angers...)
- 50m crawl : 35"42 vs 33"13
OUILLE
La comparaison fait mal...

Le diagnostic de Fabienne apporte un éclairage complémentaire intéressant : je suis parti trop en "force" en papillon. J'ai fait un bon 50m dos, brasse OK et crawl cataschtroumpfique : une nage de "robot" sans aucun relâchement...

Bon.
Je suis décidément bien content d'avoir commencé par cette épreuve. Je sais quoi corriger : nage plus souple !

Je vais récupérer puis nous allons manger au resto installé dans la piscine avec Philippe et Franck.
Resto qui fait aussi dortoir... certains vont visiblement passer une trèèèèès longue compétition

Après ça, une bonne sieste dans un coin tranquille de la piscine ! Le bonheur !
(et au passage : avoir investi dans un tapis de yoga pour les France est une des meilleures idées que j'ai jamais eue !)


J'ai beaucoup de temps avant mon relais avec Franck, Philou et Henri. 
J'en profite pour voir les uns et les autres nager.

Et notamment Sophie qui nous fait un 200m brasse de folie ! Elle le mène de bout en bout et devient ainsi championne de France.
Jour 1 : 18h, ça y est, je n'ai déjà presque plus de voix. Ah bravo Sophie, bravo !

Sophie, championne de France du 200m brasse catégorie C7

Après ça, vient l'heure de notre relais 4x50m 4 nages avec les copains.
Franck, Henri, Philippe et moi

Je suis vraiment heureux de faire ce relais, j'adore mes trois compères et nous avons la chance de nager dans nos nages de prédilection : Franck en papillon, Henri en Crawl, Philippe en brasse et moi en dos.

Personnellement, je suis remonté comme un coucou pour le 50m dos. Même si le 200m 4 nage du matin était maladroitement géré, j'en retiens quand même que je suis capable de nager vite. Qui plus est : je n'ai absolument pas mal à l'épaule. Je vais pouvoir y aller sans réfléchir.
Temps à battre : 30"76 réalisé l'an passé aux championnats des Yvelines Maîtres après 4 ans à plafonner à 30"91 (mes premiers championnats de France à Dunkerque, en combinaison...).

Je vais avoir du mal à raconter ce 50m dos au départ du relais. Tout s'est passé si vite. J'en retiens un départ génial : bon temps de réaction, bonne rentrée dans l'eau, une bonne coulée des appuis bons dès le début, un virage optimisé une bonne coulée et un beau finish.
30"30.
Et 2'10"78 pour le relais (37"33 pour Philippe, 30"14 pour Franck et 33"01 pour Henri).

Alors là, je peux dire que j'était content !
Et il m'a fallu un moment pour réaliser que sur ce 50m ce qui m'a freiné ce n'était pas la fatigue, un coup de bambou ou autre mais ma propre capacité à tourner les bras plus vite. C'est bien la première fois que je ressentais ça, que ma limite était uniquement et exclusivement dans ma technique et pas dans ma forme. 
Ca m'a fait également me dire que le lendemain, quand viendrait le moment de nager le 100m dos, il ne faudrait pas que j'hésite à partir très vite...

Après une récup rapide, nous sommes restés encourager le relais des filles avant que Franck nous ramène en voiture sur Versailles avec Philippe et Henri.
Vu les temps de transport, c'était un énorme gain de fatigue. Merci Franck !


Vendredi 28 Mars 2014
Nouveau réveil tôt. 
A nouveau pas de problème pour me lever.
Ouf. Je suis toujours en forme.
Ca tombe bien : très grosse journée avec le 1500m nage libre et le 100m dos au programme.

A nouveau, je finis ma nuit dans le train et le métro.

Je n'appréhende pas particulièrement le 1500m nage libre mais le moins que l'on puisse dire c'est que contrairement aux années passées, je ne me suis vraiment pas préparé pour cette course. Quasiment pas d'interval training. J'ai mis le paquet à l'entrainement sur le dos...
Je réalise bien que je n'ai pas l'allure dans les bras. 
C'est en m'échauffant à sec avant l'échauffement dans l'eau que je réalise que je vais avoir un problème : il n'y a aucun chrono mural dans le bassin d'échauffement / récupération.
Rétrospectivement, je me dis que sur ce coup là j'ai été vraiment nigaud : à aucun moment je n'ai pensé à aller chercher Fabienne pour lui demander de me prendre quelques chronos ou à aller mettre ma montre au poignet...

Bref : à l'échauffement j'ai fait des séries de 50m "allure" respiration 5 temps. Mais "allure au pif" surtout...
(Vraiment... c'est en écrivant ces lignes que je me trouve couillon... Heureusement que je percute plus vite au boulot...)

Je nage dans l'avant dernière série. Pour les 1500m nage libre, les séries ne sont pas faites par catégorie mais par temps d'engagement. Là, j'ai le 9ème temps d'engagement tous nageurs confondus. Je nage donc ligne 4.
Et cette année, c'est le jack-pot : tout le monde nage à deux par ligne, y compris les deux dernières séries. 
Pour le coup, je connais bien la personne qui va partager ma ligne : c'est David de Paris.
Pas n'importe qui : le même David qui avait partagé mon bungalow à Eindhoven et qui avait fini là-bas champion d'Europe du 400 et 800m nage libre (et détenteur de je ne sais combien de records de France en demi fond).
En voyant ça avant la course je lui avais envoyé un SMS lui demandant de ne pas me  mettre 200m dans la vue et de ne pas faire trop de vagues. Ca ne coûtait rien d'essayer...

Quand Fabienne s'en est également rendu compte avant ma course, elle était catastrophée : 
- Oh mince ! Mais en plus il ne nage pas très bien et fait plein de vagues !
- Euuuuuuh... (moi qui n'avait jamais fait attention qu'il faisait des vagues)... il est quand même champion d'Europe Fabienne, tu peux pas dire qu'il nage mal David...
Mais j'ai bien retenu qu'il faut que me prépare à nager en eaux troubles. Dommage surtout que nous bénéficions des mêmes lignes d'eau que les grands qui coupent bien les vagues des voisins... des autres lignes...

Pour le départ, c'est moi qui plonge en premier depuis le plot et ensuite je reste sur le côté droit de la ligne (par rapport au sens du plongeon). Une vingtaine de secondes plus tard c'est la série de David qui partira, toujours depuis le plot.
J'espère que la série de David sera vite prête pour que le starter donne un départ rapide de la 2ème série. J'ai vu des séries où la 2ème vague plongeait presque sur les nageurs de la 1ère (déjà presque revenus aux plots)...

Je pars en même temps que Bruno de Toulouse mais il est à la ligne 7 je suis à peu près sûr de ne pas arriver à le voir de la course.
Et visiblement, même s'il avait été à côté de moi, je ne l'aurais certainement pas vu : il part très fort. Certes, je ne suis pas toujours vraiment sûr de nager à une allure de 1500m mais je suis certain de ne pas être capable de nager à l'allure de Bruno. 
La deuxième vague part quand je suis aux 35, à 15m du plot donc. Ca va, ce n'est pas gênant et j'arrive même à anticiper les remous créés par le plongeon de David.

Côté sensation, tout va bien. Je nage beaucoup plus relâché que la veille sur 200m 4 nages (encore heureux...). J'ai l'impression de bien avancer et de pouvoir tenir le rythme un moment. 

Je croise David à mes 80-85m.
Mon Dieu...
Ca va VRAI-MENT être compliqué cette course.
Fabienne avait raison, David fait une vague ENORME. Il va vraiment falloir que j'anticipe tout le temps son passage pour respirer de l'autre côté. C'est un coup à boire la tasse si je n'y fais pas attention.

Cette préoccupation a un autre impact négatif : je perds très vite le fil de ce qui se passe dans les lignes à côté de moi. Je ne vois pas ce qui se passe des lignes 5 à 8 (là où est Bruno). Je suppose que Bruno est devant. A la ligne 3, pareil : je ne sais pas où est mon voisin. Devant ? Derrière ?
Bon sang, je ne suis pas concentré...

Heureusement, les sensations sont toujours bonnes. Ca compense le fait que j'ai vraiment l'impression de faire de l'eau libre. 
Et comme David nage clairement plus vite que moi, j'ai vraiment du mal à anticiper à quel endroit de la ligne nous allons nous croiser pour caler ma respiration de l'autre côté. 
J'ai déjà nagé des 800 ou des 1500m à deux par ligne mais là, c'est vraiment le pire que j'ai jamais fait.
J'ai l'impression de tomber dans des trous d'eau par moment (là encore, ça doit être une forte exagération de ce qui passe réellement mais c'était vraiment les sensations que j'avais).

Sans que je m'en rende trop compte, aux 300m, quand je m'apprêtais à relancer, David me double.
Au moins, ça sera pratique pour savoir où j'en suis. 

Pour relancer, j'essaie donc de profiter de sa fameuse vague. 
Mmmm.. c'est un peu bide...

Bon beh mon grand, va falloir que tu fasses ta course tout seul !
Je relance tout de même pour ne pas m'endormir.
J'essaie d'être toujours relâché, de tirer de l'eau (mais sans trop me prendre la tête : Chaba me dirait que je sais nager et que je dois juste "envoyer") et de faire de bonnes coulées.

Je commence à mieux prendre le coup des turbulences dans la ligne.
Mais clairement, c'est moi qui m'adapte à David. Je suis à peu près certain que moi, je ne dois pas le gêner.

J'ai abandonné l'idée de prendre repère sur quelqu'un pour me fixer des objectifs comme remonter un nageur. Je n'ai aucune idée d'où en sont mes voisins. Ce n'est pas la première fois que j'ai l'impression d'avoir le Q.I. d'une huître pendant une épreuve de demi-fond, mais là, c'est particulièrement marqué... C'est déjà assez dur de compter mes longueurs et d'éviter de boire la tasse sans que j'essaie en plus de calculer mon différentiel par rapport à quelqu'un. 

David est sur le point de me rattraper : j'en suis aux 550m, c'est cohérent (attention Olivier, n'oublie pas de compter tes longueurs !)
J'anticipe un peu ma relance des 600m.
Nous faisons notre culbute des 600m (700m pour David...) presque en même temps.

Relaaaaaaaaance Olivier !

Les sensations sont toujours bonnes. 
Je suis relâché et j'appuie bien. Les coulées sont OK. C'est cool. 

De temps en temps je me fais encore surprendre par les vagues de David (non mais vraiment, j'avais préféré la coloc aux Pays-Bas...) et je rattrape comme je peux en raccourcissant ou allongeant mes coups de bras.

Je dois approcher des 900m. C'est là que ça va devenir coton. Il va falloir que je monte le rythme et ça va donc commencer à piquer fort (c'est en tous cas aux 900m que je commence à avoir vraiment mal d'habitude). 

900m : je relance en raccourcissant légèrement les coups de bras et en accélérant.
Cinquante mètres se passent sans que je ne sente de deuxième effet kiss cool.
100m.
150m.
Ca va.
Bigre. Ca c'est une bonne surprise.
Bon beh c'est bien.
J'en suis aux 1100m, il me reste 400m ! Allez, allez, je tiens bon, je mets plus de jambes.
1150m. Le niveau sonore dans la piscine monte. Ah.
Je ne réalise pas de suite ce qui se passe.
J'approche des 1200m et David va à nouveau me doubler et nous allons faire notre culbute exactement en même temps.

Sauf que pas du tout.
David ne repart pas.
Oh.

David a fini...

Oh non !!!
Ca veut dire que je me suis COM-PLE-TE-MENT vautré dans mon compte. David a dû me doubler tous les 250m et pas tous les 300m... Ca veut donc dire qu'il ne me reste que 150m à faire !! (le Q.I. d'une huître disais-je...)
Bon beh, il n'y a plus de question à se poser, je passe en mode panique et j'accélère autant que je peux.
Mon Dieu quelle andouille... Je constate avec horreur qu'il m'en reste vraiment plein sous le pied. J'ai suuuuuuuuuper mal géré ma course.
Les 150 derniers mètres passent très vite et je finis mon dernier aller-retour à fond. 
Oui, j'ai vraiment très mal géré.

18'20"15.
Ouille. 
Contre 17'50"25 à Angers. Trente secondes de plus.
En sortant de l'eau, en plus de râler d'avoir nagé n'importe comment, je réalise que... oh non... je ne suis pas fatigué... D'habitude, après un 1500m, je rêve qu'un treuil me sorte de l'eau et qu'on m'apporte un youpala pour rejoindre le bassin de récup. 
Là, rien de tout ça...
Non mais vraiment.

Evidemment avec ce chrono je finis 4ème C2, bien loin du 3ème...

Côté temps ça a donné : 
100m : 1'08"47
200m : 2'20"83 (1'12"36)
300m : 3'34"80 (1'13"97)
400m : 4'48"29 (1'13"49)
500m : 6'01"85 (1'13"56)
600m : 7'16"28 (1'14"43)
700m : 8'30"18 (1'13"90)
800m : 9'44"19 (1'14"01)
900m : 10'57"82 (1'13"63)
1000m : 12'12"80 (1'14"98) <-- je ne m'explique pas ce qui s'est passé à ce moment là
1100m : 13'27"70 (1'14"90)
1200m : ??? (il y a un problème de chrono dans mes temps à partir de là...)
1300m : 15'55"05
1400m : 17'09"09 (1'14"04)
1500m : 18'20"15 (1'11"06)

Premier commentaire de Fabienne après ma course : 
- Tu n'étais absolument pas régulier, surtout sur les coups de bras
Oui... Vive l'eau libre.

Au passage, en nageant 16'08"42, David a battu le record de France.
Il faut que je songe à lui dire qu'à chaque fois qu'il fait de la coloc avec moi il fait un truc topissime. Je pourrais peut-être lui extorquer quelques secondes comme ça...

Rapidement je prends ma contre-performance à la rigolade.
Je dis donc vite à Fabienne : 
- Au moins, je ne suis pas fatigué pour mon 100m dos et j'ai fini mon échauffement
Elle finit par rire (jaune) avec moi.


Pour mon après course, je fais une bonne récupération (même si elle n'était visiblement pas indispensable...), je mange tôt et refais une grosse sieste (non vraiment : le tapis de yoga est un de mes meilleurs investissements pour dormir n'importe où).

Pour le 100m dos, je décide de ne pas retourner à l'eau : je fais un gros échauffement à sec.
La forme est là. 

Je nage dans l'avant dernière série C2. Ligne 2. Avec mon 1'06"30 (mon meilleur chrono de ces 4 dernières années) j'ai donc le 13ème temps d'engagement. Le niveau est sacrément relevé cette année.
Après mon 50m dos en relais la veille, mon objectif est bien sûr de faire mieux que ce 1'06"30 et surtout de battre ce fichu 1'06"05, mon meilleur 100m dos réalisé à Dunkerque lors de mes premiers championnats de France (en combinaison) six ans auparavant. 
Six ans... 
Je n'en reviens toujours pas de ne pas avoir été capable de battre ce temps avec tous les progrès que j'ai faits dans l'intervalle (sur le 200m dos je me suis amélioré de 7 secondes dans le même temps...).

Mon voisin de la ligne 3 est engagé avec un chrono de 1'04"97.
Ca, c'est un bon lièvre à garder en repère.

Comme la veille, je fais un bon départ, une bonne coulée et je pars de suite sur un rythme élevé. Je suis dans le coup avec mon voisin de la ligne 3.
On peut même dire que nous nageons exactement à la même vitesse.
Je suis déjà aux 25m et fais un bon virage et je repars bien sur la deuxième longueur. Nous sommes exactement sur le même tempo ligne 3 et moi. Je suis en train de réaliser qu'aux 50m il faudra que je renage au milieu de ma ligne : si je passe devant, je ne tiens absolument pas à lui donner ma vague.
En sortant de la coulée, c'est effectivement le cas : je suis devant et je ne lui donne pas ma vague. 
Bon sang, je me sens bien. J'ai du rythme, je pousse fort. Les longueurs me semblent défiler très vite. Je ne connais pas mon allure mais je suis certain de nager vite. Et là, je sais que ce n'est pas une illusion comme au 1500m.
Virage des 75m : j'arrive à négocier une super coulée ! Génial ! Mais là, quand même, il y a un moment où l'acide lactique me rattrape. Et en quelques mètres, je passe de super sensations à un gros coup dans les bras.
Ligne 3 revient mais alors là, tu peux aller te brosser pour passer devant moi. NO WAY.
La fin est gore. Toutes les ressources que j'ai sont utilisées pour mettre mes derniers efforts dans ces quelques mètres qui me rapprochent de la fin de la course.

1'04"88

Oh punaise !
OH PUNAISE !!
Youhouuuuu !!!

CA Y EST !!
J'ai ENFIN amélioré ce fichu 1'06"05, et pas qu'un peu !
Sous les 1'05" !!
La joie qui m'envahit me fait oublier la douleur dans les bras. Je suis vraiment super content :)

Mais, restons pro : je file à la récup avant d'aller faire le débrief avec Fabienne.
Fabienne concède que c'est un bon temps mais douche un peu mon enthousiasme : 
- Franchement, tes jambes ne te servent à rien.
C'est rude : les jambes c'est justement mon très gros point fort à l'entrainement et j'arrive même à tenir le rythme des jeunes du groupe C (pas peu fier de mon récent 1'34" battements en grand bain).
- Tes coups de jambes partent sur le côté et ne t'aident pas à avancer.
- Bon, et puis, je t'ai déjà dit que tu nageais de manière "scolaire", comme une machine. Ce que je veux dire pour que tu comprennes c'est que tu manques de "classe" quand tu nages

Et là, je dois reconnaître que je crois qu'elle a choisi une bonne image parce qu'elle me parle et que je crois comprendre ce qu'elle veut me dire. 
En dos aussi il faut aussi que j'apprenne à être relâché sur le mouvement de retour et il va falloir que je bosse mes battements pour qu'ils me fassent avancer droit et que je ne dépense pas de l'énergie pour rien. 

Bon, somme toute, c'est pas mal comme débrief : améliorer largement son meilleur temps avec autant de points à travailler ça veut dire qu'il y a encore de la marge :)

Samedi 29 Mars 2014
Aujourd'hui, pas de réveil aux aurores : ma première course est en milieu de journée (relais 4x50m nage libre messieurs).
J'en profite pour dormir plus. 

J'arrive sur les coups de 10h à la piscine.
Sitôt arrivé, les copains du club me demandent : 
- Tu as vu David ???
- Hein ? Mais David n'était sensé venir que demain !

David (là, je parle de mon frère, pas de David qui fait des vagues au CN Paris) est arrivé la veille en France. Il devait initialement arriver le samedi soir mais a dû changer son billet au dernier moment. Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il soit là, il devait être en vadrouille toute la journée.
J'essaie de l'appeler, je fais le tour plusieurs fois de la piscine pour le trouver : chou blanc. J'ai dû le manquer de peu (et j'ai l'impression que toute la piscine l'a vu parce que tout le monde m'en parle). 
Tant pis, je le verrai demain pour son 200m dos : (


Notre relais nage libre part à 13h avec George, Christophe et Henri.
Du coup, je ne sais pas trop quand aller m'échauffer. 
C'est le samedi, le jour d'affluence la plus importante (100m nage libre et 50m brasse au programme de la journée). Les organisateurs ont d'ailleurs affiché des horaires d'échauffement à respecter en fonction des courses que l'on nage. 
C'est vraiment une bonne idée à en juger par la manière dont on se marche déjà les uns sur les autres dans les gradins. 
Malgré les consignes il reste beaucoup de monde dans le bassin d'échauffement quand je vais nager. Si j'arrive à faire 5-6m d'allure, c'est bien le maximum. 
C'est vraiment un bassin de carpes. Il faut dire qu'avec 57 séries de 50m brasse messieurs, 44 de 50m brasse dames, 57 séries de 100m nage libre messieurs et 41 séries de 100m nage libre dames, ça fait du monde.
Tant pis, je ferai à nouveau un gros échauffement à sec. 

Mais même ça c'est compliqué à faire. Pas facile de trouver quelques mètres carrés autour de soi pour faire le moulinet avec ses bras, pour faire des sauts et tout et tout. 
Je plains vraiment les bénévoles et les juges arbitres qui ne doivent plus savoir où donner de la tête avec autant de monde partout. On voit bien que tous les bénévoles font leur maximum pour faciliter la vie de chacun mais leur tâche est vraiment ardue.

Même densité dans la chambre d'appel. Là aussi c'est compliqué de trouver un peu d'espace pour s'assoir de temps en temps. On arrive quand même à se faire un petit trou. 
Tout ça n'entache en rien notre bonne humeur. On rigole vraiment bien avec George, Christophe et Henri.
Pour ce relais, une fois n'est pas coutume, Violaine m'a positionné en dernier relayeur. 

Là encore, difficile de dire beaucoup de choses sur ce 50m : tout est passé si vite...
J'ai été surpris de ne pas avoir plus de vagues que ça dans ma ligne (elles sont vraiment top ces lignes d'eau), j'ai respiré 3 fois au lieu des 2 fois habituelles (deux fois sur le deuxième 25m)... Très bonnes sensations. Voilà...
26"02, départ lancé. 
Plutôt dans la bonne moyenne de mes 50m nage libre (mon meilleur départ non lancé est en 26"46). :)
2'05"17 pour notre relais. 

Après avoir mangé, c'est mission "trouver quelques mètres carrés pour se poser".
Après deux tours dans la piscine : rien. Du monde partout.
Je me retranche donc dans un coin glauque d'une cage d'escalier. A part des portes qui claquent et le commentateur qui hurle que Nicolas Granger a (encore) battu un record du monde (quoi ? ça se voit que je suis jaloux ?), je ne peux pas être plus tranquille...
Une bonne heure de sieste de gagnée !

Après ça, nous avons plusieurs heures d'attente avec Céline, Elodie B et Philippe pour notre relais 4x50m 4 nages mixte : notre série est prévue à 20h21 -sic-

Ca me laisse laaaaaaargement le temps d'aller récupérer les maillots de bain de mon école d'ingénieur que j'ai eus grâce à un élève qui a vu un copain / collègue de boulot dont la copine est venue encourager ses copains de club (facile à suivre, non ?).
Le maillot de l'ENSTA ParisTech : le crocs sur les fesses c'est trop la classe

Enfin bref, toute cette digression un peu hors sujet pour faire mon kéké et montrer que maintenant j'ai un maillot de bain qu'il est trop beau (merci Arnaud !).


Après cet événement palpitant de ma journée, je vais m'échauffer à sec le plus tard possible.
Aux bords du bassin d'échauffement je retrouve Lydia, Yann et Sébastien de Plaisir qui nagent dans la même série que nous. 
Nous jouons la comédie de l'intimidation à grands coups de "vous n'avez aucune chance de nous battre", "Yann tu es trop vieux pour me battre en dos, c'est même pas la peine de prendre le départ", etc...
Nous sommes arrêtés dans ces échanges lyriques par la douce musique stridente d'une alarme incendie.
Tout le monde dans la piscine semble marquer un temps d'arrêt mais la série en cours est très loin de s'arrêter pour autant. Les gens continuent de prendre leur relais, les chronométreurs continuent de chronométrer, les juges de nage continuent de juger les nages...
Par contre, gros flottement quand la série en cours se finit.
C'est à dire que c'est un peu difficile d'ignorer une alarme incendie. Ca fait beaucoup de bruit et c'est fait exprès.
Comme pour lever un doute, un des organisateurs prend finalement le micro pour annoncer que beh, faut sortir de la piscine....
A partir de là, c'est quand même un peu le souk.
Je ne me plains pas trop, je ne suis pas encore à la chambre d'appel. Même si je suis en combinaison, je porte quand même un survêtement et j'ai le temps de passer par les gradins pour prendre TOUTES mes affaires au cas où...
Mais d'autres sortent de l'eau et on leur dit d'aller dehors. Hélène, Isabelle, Henri et Christophe doivent eux être dans la chambre d'appel et on doit les chaperonner dehors également...
Je passe le fait qu'il y a un gros embouteillage dans les gradins (on ne peut pas dire que ce soit la panique... un incendie dans une piscine ça ne paraît pas très crédible... mais nous sommes nombreux).
Finalement l'alarme incendie s'arrête.
Nouveau flottement. 
On fait quoi ?
Plusieurs minutes passent avant qu'on nous dise que la compétition peut reprendre.
Un gros malin qui serait sorti par une sortie de secours...

Je retourne poser mes affaires et redescend au bassin d'échauffement.
Aucune idée d'où sont Elodie, Céline et Philippe. 
Par contre, avec tous ces contre-temps, c'est David qui nous a rejoint ! Et ça lui laisse même le temps d'aller nageouiller avant que notre relais ne parte.

Je n'ai vraiment plus besoin de m'échauffer maintenant. Après les longues minutes à attendre quoi ou qu'est-ce dans les gradins, en combinaison recouverte d'un survêtement recouvert de tous mes vêtements recouvert de mon manteau, je transpire plutôt copieusement ^^

En me rendant à la chambre d'appel je finis heureusement pas retrouver mes compères (tout va bien, ils n'ont pas pris feu).

Bon, l'objectif que je me suis fixé c'est maintenant de passer sous les trente secondes (oui parce que je fais le dos dans le relais... j'aimerais donc faire mieux que mon 30"30 de deux jours avant et la barre des 30" c'est quand même un bel objectif).

Là encore, ce 50m passe très vite. D'autant plus vite que je finis largement premier de la série ce qui donne l'impression de nager encore plus vite. 
Dommage ce n'était qu'une impression : 30"64. Un très bon temps, mais la barre des 30" devra attendre encore un peu.
Sachant que j'ai eu l'impression de refaire à peu près le même 50m dos que le jeudi : pas d'erreur et du rythme.

En tous cas, encore une fois, je préfère définitivement faire un 200m qu'un 50m : il y a beaucoup plus à vivre et à raconter (c'est trop court 50m !)
Mais le 200m dos, c'était la dernière épreuve du dimanche. Il y a encore bien d'autres choses avant ça...

Dimanche 30 Mars 2014
Ouille.
Ouille.
Ouille.
Le réveil est vraiment rude.

La veille, David m'a proposé de me ramener en voiture. J'ai de suite dit oui : nous avions fini très tard (notamment avec le temps perdu avec l'alarme incendie). Gros coup de barre dans la voiture après cette longue journée et certainement l'accumulation des 3 jours. A tel point que j'ai même failli (MOI !) oublier de manger en rentrant. C'est dire.

Donc quand le réveil sonne à 5h45 ce dimanche matin, franchement, j'ai cru à une blague.
Mauvaise.

J'ai beau dormir dans le train et le métro, je n'ai toujours pas fini ma nuit en arrivant à la piscine.
Vue la fatigue, j'anticipe et m'échauffe très longuement à sec avant de plonger dans le bassin d'échauffement. 
A ce jeu là, je commence à être vraiment prévisible : je finis (évidemment) par me faire mal en faisant du papillon (et évidemment à l'épaule gauche).

Ca tombe vraiment mal : le dimanche c'est LA journée. Avec mes deux principales courses : 400m 4 nages le matin et 200m dos l'après-midi. Les deux épreuves que j'ai le plus préparées.

Je n'insiste donc pas beaucoup dans l'eau. Il n'y a rien d'autre à faire que de "laisser reposer" en espérant que ça ne soit pas trop grave et que ça passe d'ici la course.

Je suis un peu vaseux quand je vais à la chambre d'appel. La sensation s'atténue avec le dernier échauffement à sec. 
Je suis dans l'avant-dernière série de la catégorie C2, ligne 7, engagé avec mon temps nagé à Canet en Roussillon en 2012, en bassin de 50m (5'16"68). Mon objectif n'est donc pas de faire plus vite que ce temps mais plutôt d'améliorer mon meilleur temps datant des championnats de France à Dunkerque en 2011 (5'07"09).

Je commence par un départ correct et fais bien attention à bien placer mes premiers mouvements de papillon en étant assez souple. Ca va, j'arrive à placer la fameuse (et fichue) deuxième ondulation qui me pose toujours tant de soucis pour garder une nage correcte sur la durée. 
Je semble partir plutôt correctement en n'étant pas trop décroché par mes voisins.
Après le virage des 25m, j'essaie de faire une coulée dynamique pour prendre de la vitesse, faute d'arriver à bien le faire sur la nage seule. Coulée un peu courte. Ah... 
Après trois coups de bras - GLOUPS - je bois la tasse. Une vague qui vient de ma gauche. Ca va, pas trop de conséquences, je passe à une respiration tous les coups de bras au lieu de tous les deux coups de bras et je reprends vite mon souffle.
Je fais un meilleur deuxième virage aux 50m. 
A la sortie de la coulée, je recommence à sentir mon épaule gauche. A chaque coup de bras, la sensation se transforme petit à petit en douleur. Ce n'est pas la douleur habituelle d'une tendinite, plutôt comme si j'étais bloqué en tournant les bras. Comme si j'essayais de conduire avec le frein à main et que je forçais pour avancer. 
Je suis content d'arriver aux 75m même si mon voisin de la ligne 6 à commencer à prendre une belle avance sur moi : au moins je peux reposer mes bras dans la coulée que j'essaie donc de faire la plus longue possible. 
A la sortie de coulée, la fameuse pensée "mais qu'est-ce que je fais là" me traverse l'esprit. J'ai mal à chaque coup de bras et il me tarde d'avoir fini. J'espère que passer en dos fera disparaître la douleur.

Je fais un virage papillon-dos plutôt correct et j'arrive à faire une coulée très raisonnable.
Je prends le temps de placer correctement mes premiers coups de bras : tout roule, l'épaule ne me fait pas mal. J'accélère vite pour me remettre dans le rythme de la course même si vraiment, je suis fatigué. Pas la fatigue d'une fin de course quand on s'est bien donné, la bête fatigue manque de sommeil. 
- sic -
Ca va être long...

J'ai l'impression que l'eau pèse plus lourd qu'à l'ordinaire. J'arrive à garder une bonne nage (ou en tous cas, c'est l'impression que j'ai) mais chaque coup de bras me coûte plus qu'habituellement. 
Virage de 125m OK. La coulée qui suit est OK également (plutôt bon signe : j'ai du souffle).
Je ne vois pas bien où sont les gens dans les autres lignes. Je sais que la ligne 6 m'a distancé mais je n'arrive pas à évaluer si c'est de beaucoup ou pas. Je fixe donc mon attention sur l'objectif de remonter sur mon voisin. 
Pour faire ça, je pense à Fabienne qui me disait que je devais nager avec "classe" le dos. J'essaie d'être relâché sur chaque mouvement. Si j'ai l'impression que chaque coup de bras me coûte plus que d'ordinaire, c'est peut-être que je nage en force.
Virage des 150m : ça va, bon tempo, coulée OK. Il ne faut pas que je craque sur le dos et que je continue de grappiller du terrain sur mes voisins maintenant. 
Virage des 175m : bon, c'est bon, j'ai encore de l'air pour faire les coulées. Allez, je relance pour bien finir en dos. 
Je fais un virage dos-brasse très très très trèèèèès moyen en arrivant complètement au ralenti au mur. Scrogneugneu.

J'essaie de compenser en poussant fort au mur pour faire une bonne coulée en brasse.
Aïe. C'est dur dès le premier coup de bras. 
Vraiment, c'est pénible cette nage : je me freine dès que je fais un mouvement destiné à me faire avancer. Mais qui a inventé ça ?!?!
Bon, Olivier, reste concentré sur ta course : la ligne 6 est visible en point de mire. Il faut le rattraper ("ouaiiiiis trop facile en brasse !").
J'essaie de bien glisser à chaque mouvement tout en tirant le plus d'eau possible avec les bras et de faire des ciseaux puissants. Je m'imagine en personnage de jeu vidéo dont la barre de vie descendrait à toute allure en faisant la brasse. Vraiment énergivore...
Le mur des 225m arrive plus vite que ce que je ne pensais et je suis presque pris au dépourvu pour préparer le virage. J'ai d'ailleurs souvent du mal avec ça : bien caler mes derniers coups de bras pour toucher le mur de manière efficace et faire le virage dans de bonnes conditions. Là, on peut dire que c'est bien raté : je dois me freiner pour toucher le mur.
La coulée qui suit est OK. J'essaie de nager de manière plus souple que sur la première longueur, parce que je ne vais pas tenir toute la course comme ça. J'ai de plus en plus mal aux bras et j'ai de moins en moins de jus. Déjà que je suis parti pas vraiment en forme... J'essaie donc d'accentuer la glisse. 
Ce que ça va être long...
Je n'ai pas l'impression de remonter sur mon voisin de la ligne 6 mais je n'ai pas non plus l'impression de me faire distancer. Somme toute, c'est déjà très bien.
J'arrive au virage des 250m, ouf, ça veut dire qu'il ne me reste plus qu'un aller-retour en brasse et c'est urgent que ça s'arrête : mes bras se tétanisent au fur et à mesure... et il reste 150m à nager... :(
La seule chose que je puisse faire est de continuer à bien glisser. Ca devient de plus en plus dur de rester dans la course. Je nage en fermant les yeux par moment, comme si ça allait atténuer la douleur dans les bras et les jambes. Quelle nage à la noix...
Dernier virage : et c'est encore un échec, j'évalue très mal la vitesse à laquelle j'aborde le mur et je dois faire un dernier coup de bras qui me ralentit avant de toucher la mur (note : penser à travailler les virages de brasse à l'entrainement...). 
Je fais ma dernière longueur de brasse en mode pilotage automatique... Je commence aussi à manquer d'air... Passage un peu flou de ma course.

J'arrive à assurer un bon virage brasse - crawl. Cette fois, je n'ai pas eu à ralentir en abordant le mur.
Dès mes premiers coups de bras, je sais que cette course va être une catastrophe : j'ai les mêmes sensations qu'à la fin de mon 200m 4 nages en crawl, c'est à dire : je n'ai plus de jus.
Je tente tout de même de ne pas nager de manière hachée comme me l'avait dit Fabienne après le 200m 4 nages. Après le virage des 325m, j'essaie d'accélérer. Il n'y a pas de lien de cause à effet entre ce que je pense et ce que j'arrive à faire. Je suis dans le dur. Je suis bien parti pour faire un temps catastrophique.
Mon voisin de la ligne 6 semble avoir gardé la même avance sur moi depuis le papillon. Je m'attache à ce point en me focalisant sur l'objectif de le remonter. Ca aide à faire passer la pilule.
Virage des 350m : plus qu'un aller-retour et c'est (enfin) fini. Ca pique très fort, partout. Il n'y plus à réfléchir à ce stade là, je mets toute l'énergie qui me reste dans ces derniers mètres. 
Gros soulagement quand je finis enfin.

Je suis surpris en voyant mon temps à l'arrivée : 5'09"95. C'est loin d'être aussi catastrophique que ce que je ressentais (vs les 5'07'05 de Dunkerque en 2011).
Les temps de passage sont d'ailleurs intéressants  :
- 100m : 1'10"26 (mon meilleur temps au 100m papillon !) (vs 1'11"58)
- 200m : 2'25"70 (soit 1'15"44 au 100m dos vs 1'16"43)
- 300m : 3'56"88 (soit 1'31"18 au 100m brasse vs 1'30"86)
- 400m : 5'09"95 (soit 1'13"07 au 100m crawl vs 1'08"22)

En regardant bien, j'ai donc même fait le même type de course que pour le 200m 4 nages : je suis parti sur des bases beaucoup plus rapides que mon meilleur temps et j'ai eu le plus grand mal à finir (le crawl a fait très mal).

David me dira à peu près la même chose que Fabienne après mon 400m 4 nages : je suis parti en nageant beaucoup trop en puissance, ou plutôt sur une nage pas vraiment adaptée pour un 400m 4 nages. 
J'ai visiblement beaucoup à gagner sur la souplesse et le relâchement. Je l'avais beaucoup travaillé il y 2 ans et il semble indispensable que je m'y remette. Je n'arrive plus à concrétiser sur une course complète la vitesse que j'ai gagnée.
Prochain objectif à travailler : "nager avec classe".

Après une bonne séance de récupération, direction le resto avec David et ensuite, ensuite... une E-NOR-ME sieste.
Je sens que j'en ai vraiment besoin.
Je me remets dans le coin presque tranquille de la cage d'escalier pour poser mon tapis de sol et dormir presque 1h30.
Au réveil, c'est le jour et la nuit par rapport à mes sensations de ce matin : je n'ai plus mal à l'épaule et je ne me sens plus vaseux. Je ne vais pas dire que je suis en forme : j'accuse le coup des quatre jours de compétition, mais je me sens d'attaque pour attaquer ma dernière et plus belle des courses : le 200m dos.

Mais j'ai encore un peu de temps avant ça, ce qui me laisse le temps d'encourager les copains et copines du club.
Ci-dessous un savoureux triptyque de photos pris dans la chambre d'appel qui montre qu'on a des nageurs TRES différents les uns des autres au club.

100m brasse : Christine, concentrée

100m brasse : Cécile, stressée

100m brasse : Isabelle... elle-même...

Je vais à la chambre d'appel et j'en profite pour voir David nager son 200m dos aux premières loges. 
Il finit deuxième de sa catégorie en 2'12"59 (l'animal !) derrière un lithuanien, ce qui fait de lui le champion de France C4.

David, champion de France du 200m dos, catégorie C4 (40-44 ans)

Je nage dans la dernière série C2 (30-34 ans), ligne 8, engagé avec mon temps des championnats de France d'Angers en 2012 : 2'19"76 quand mon meilleur temps réalisé à Dunkerque en 2011 est de 2'17"96.
Nager avec classe...
Le petit travail que j'ai fait à l'échauffement me fait bien sentir ce que ça veut dire. Je sens bien dans mes bras la manière dont il faut que je nage. Qui plus est, j'ai tellement préparé cette course (on en a fait souvent à l'entrainement) que je vois parfaitement la manière dont il faut que je gère la course. 
Même si j'ai conscience de ne pas être au top de ma forme, je suis confiant quand je me positionne au départ.

TUUUUT
C'est parti. 
Bonne coulée et bonne reprise de nage. Tous les mouvements "tombent" parfaitement. J'arrive à faire exactement ce que je voulais en termes de rythme, d'appuis, d'équilibre entre les bras et les jambes et de relâchement. Oui, je suis bien parti.
D'ailleurs, je le vois bien en regardant du coin de l'œil sur le côté : je suis dans le coup.

Virage des 25m : j'ai devancé mon voisin direct. Dommage que je sois sur une ligne de bord, je n'arrive bien à voir que la ligne 7. C'est plus dur de voir ce qui se passe au centre du bassin. 
Super coulée là encore et je suis toujours dans le coup de ma série en faisant ma reprise de nage (du moins, de ce que j'arrive à en voir du coin de l'œil). 
Tout passe très bien. Je suis haut sur l'eau, sensations au top.

Virage des 50m : Yes ! Encore une bonne coulée et je sors bien. Je suis tenté de faire une relance maintenant tellement je me sens bien. Vu que je vois que je suis toujours avec les gens du milieu, je me dis que je peux temporiser avant de placer ma relance.
Je passe les drapeaux des 5m, je compte un coup de bras, deux coups de bras avant de me mettre sur le ventre pour faire ma culbute quand le "drame" arrive : une vague venant de ma gauche passe directement sur mon visage. Au lieu de prendre de l'air, je bois donc de l'eau et je fais ma coulée sans air. Je sors avant les 5m. C'est rude. Déjà que la coulée pompe habituellement de l'oxygène, en faire une sans avoir respirer avant c'est pire. Qui plus est, je n'ai pas pu prendre de vitesse, je dois donc accélérer le tempo sitôt remonté à la surface pour ne pas être décroché. Ce n'est pas ce qui était prévu, et je suis certain de le payer à un moment donné. 
J'arrive tout de même à rester dans le paquet et j'ai repris un semblant de souffle en arrivant aux 100m, mais je n'arrive évidemment pas à faire une longue coulée après ça. Je sors donc à nouveau tôt.

La mi-course étant passée, j'accélère en accélérant les coups de bras en fin de poussée. Le problème de faire ça c'est que ça demande encore plus d'air et que je subis toujours le déficit d'oxygène de deux virages auparavant.
J'ai la sensation de maintenir une belle nage mais j'ai aussi l'impression de consommer plus d'air que j'en respire. La fin va être dure.
Aux 125m il me semble que je suis toujours dans le coup. Je vois toujours des bras sur les lignes du milieu. Il faut que je tienne. 
Chaque coulée est plus pénible que la précédente. J'essaie de maintenir le rythme mais c'est de plus en dur. Je n'en suis pas encore avec les bras chargés d'acide lactique mais je suis à bout de souffle. 
Les bras chargés d'acide lactique je les sentirai à la sortie de la coulée des 150m. Dernier aller-retour à faire, sans air et dans le dur.
J'essaie tant bien que mal de rester haut sur l'eau, de continuer à accélérer en fin de poussée mais je n'arrive pas à maintenir le même rythme. Le coup de bambou est là.
A la sortie du virage des 175m, je réalise que je n'arrive plus à voir de bras au centre du bassin, nous ne devons plus être sur la même ligne. 
Ma dernière longueur me paraît interminable.
Ouille-ouille-ouille. 
C'était vraiment un des 200m dos les plus durs que j'aie jamais nagé.

2'19"19.
Finalement, une bonne surprise !
En voyant mon chrono, je rage sans borne d'avoir bu la tasse aux 75m. Je m'imagine de suite ce qui aurait pu se passer si j'avais fait un virage normal (le 3ème en 2'17"34...)

Mes temps de passage, comparés aux temps de passage quand j'avais réalisé mon meilleur temps sur la distance : 
50m : 32"06 (vs 32"62)
100m : 1'07"10 soit 34"95 (vs 1'07"71 et 35"09)
150m : 1'42"66 soit 35"65 (vs 1'43"05 et 35"04)
200m : 2'19"09 soit 36"53 (soit 2'17"96 et 34"91)


Voilà pour ma dernière épreuve de ces championnats de France.
Au global, si je regarde donc mes 200m 4 nages, 400m 4 nages et 200m dos, je suis à chaque fois parti sur des bases plus rapides que celles de mes meilleurs temps mais j'ai eu à chaque fois du mal à finir. 
Je n'ai pas l'impression que mon problème ait été un manque de préparation foncière mais plutôt des nages pas assez relâchées (ou un passage en apnée inattendu sur le 200m dos). 
Sur le 1500m nage libre, le manque de préparation m'a coûté cher. 
Et c'est finalement sur les plus courtes distances où j'ai pu concrétiser ce que j'ai travaillé à l'entrainement et ce qui m'a permis de vérifier que oui, je nage plus vite qu'avant. 

Pour la route jusqu'aux championnats de France d'été à Millau, je sais maintenant que j'ai un travail important à refaire sur la technique. Je vais beaucoup m'appuyer sur les nombreux conseils de Fabienne pour essayer de progresser.
Pour les France d'été, à l'heure actuelle, mon choix d'épreuves s'est arrêté sur : 50 + 100 + 200m dos, 800m nage libre et 400m 4 nages avec en priorité : 
1/ 200m dos
2/ 100m dos
3/ 400m 4 nages
Et j'aimerais bien arriver à faire ENFIN un bon 800m (le 400 et le 800m, ce sont deux courses où je n'ai jamais réussi à faire quelque chose de bien en bassin de 50m...).

Petit souvenir du dimanche après-midi : Isabelle, Sophie, Christine, moi, Cécile, George, François, l'grand frère


Pendant que David et moi nagions, les filles nous encourageaient et faisaient découvrir la tradition des crécelles versaillaises. A tel point que l'organisateur en a même parlé sur la page Facebook des championnats de France

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