dimanche 24 juin 2012

Natation - Compétition : Championnats du Monde Maîtres 2012


Bigre. C'est en écrivant le titre de ce post que je réalise à quel point c'est la classe d'avoir participé à cette compétition.

Pour resituer : j'ai commencé à nager il y a 4 ans.
A l'époque je m'étais inscrit en club après avoir suivi les JO de Pékin et après avoir  découvert l'eau libre. J'avais été complètement emballé par ces marathoniens aquatiques et je m'étais dit que ça pourrait être vraiment très sympa de faire une telle épreuve une fois dans sa vie.
Je me suis donc inscrit au club de Versailles. C'était pas très loin de chez moi (j'habitais Saint Cyr l'Ecole alors) et j'aimais vraiment bien la piscine avec son beau bassin de 50m.
Lors du forum des associations mon choix se porte sur la section Loisirs Adultes, après avoir demandé s'il y avait bien possibilité de faire une épreuve d'eau libre l'été suivant.
- Oui, c'est possible. Mais vous êtes sûr que vous ne préférez pas rejoindre le groupe adultes compétition dit "Maîtres" ? C'est mieux pour s'entraîner.
- Ah, oui je suis complètement sûr !
J'avais encore en tête le collège où j'étais en "section sportive" avec deux séances hebdomadaires complétés par deux entraînements avec le club de Sigean. Moi qui n'aimait pas la natation (le meilleur sport pour les asthmatiques), j'étais vraiment servi.
Bilan au bout de 4 ans : j'étais absolument écoeuré et dégoûté de la natation. Aller à l'entraînement c'était comme aller à la mine. Et les entraîneurs n'aidaient pas vraiment...
Donc oui, j'étais sûr de ne plus jamais vouloir refaire les entraînements de compétition.

Pourtant quand j'avais repris la natation en solo quelques mois auparavant (nous sommes début 2008), j'étais tombé sur un gars super bavard qui m'avait un peu pris le bourrichon en me disant que ça serait super sympa que je nage en "Maîtres". Fred il s'appelait le gars.
- Mmmmm... Non, ça va. Merci

Mi septembre 2008, je me présente donc à mon premier entraînement en club depuis des années.
Il faut suivre l'entraînement qui est écrit sur le papier.
OK.
Au bout de 1000m, le coach, un jeune, il s'appelle Cyril, vient me voir et me dit :
- Monsieur, vous allez vous faire chier dans ce groupe, vous feriez vraiment mieux d'aller nager dans le groupe "Maîtres" à côté.
- Non vraiment, ça va, je vous remercie.
Je nage 500m de plus peut-être et une dame avec les yeux bleu revolver vient me voir :
- Je m'appelle Fabienne, je vous ai regardé nager et vous devriez aller nager en "Maîtres"
(encore une...)
Beh ça m'attire pas vraiment en fait la compétition...
- Le groupe Adultes n'est pas vraiment fait pour vous. Vous serez beaucoup mieux dans le groupe compétition Maîtres. L'émulation y apporte beaucoup et ce sera beaucoup plus épanouissant pour vous
- Ah...
Le cours suivant j'ai donc été nager avec le groupe Maîtres. Là-bas, j'y ai retrouvé le gars bavard de la piscine, Fred. Et Philippe dont David m'avait parlé. Un super nageur (il en a la carrure en tous cas).

Nous sommes 4 ans plus tard.

Il m'aura finalement fallu juste une compétition pour me prendre complètement au jeu, me fixer des objectifs, les atteindre et m'en fixer de nouveaux. 
Quatre ans que je me dis que les limites sont finalement dans notre tête avant tout.
Fred est effectivement bavard mais c'est surtout devenu un de mes meilleurs potes. 

Et c'est avec lui et Sophie que je participe à cette édition des championnats du Monde. 
Ma première.

L'équipe représentant la SNV aux championnats du Monde

Samedi 09 Juin 2012
06h00 : Le réveil sonne. J'ai passé la nuit chez Marraine et Kevin à Suresnes pour être plus proche de Roissy. En plus ça tombe bien, Marraine et Kevin vont également à Roissy... mais pour aller à Houston avec Maréchal ^^
08h30 : Me voilà arrivé à l'aéroport Roissy Charles de Gaulles. J'ai dit au revoir à Marraine et Kevin. Ma valise est déposée et je peux aller à l'embarquement. Au contrôle je retrouve le légendaire Lionel Chalendar de Nanterre. Nous sommes dans le même vol pour Bologne. On convient de faire le trajet Bologne - Riccione (là où les championnats du Monde ont lieu) ensemble
09h55 : L'avion décolle.
11h30 : Me voilà en Italie pour la première fois de ma vie (il était temps quand même)
11h50 : Je retrouve Lionel et Philippe, un copain à lui de Nanterre dans la zone d'arrivée. Nous partons chercher nos valises.
11h55 : The Big Boulette.
Sans nous en rendre compte nous sommes sortis de la zone d'arrivée... sans nos valises.
Nous attendons que quelqu'un sorte pour rentrer.
Evidemment, la police est de l'autre côté et nous tombe de suite dessus. Lionel et Philippe expliquent en français, mois en anglais que nous avons fait une erreur et cherchons à récupérer nos valises. 
Le policier est évidemment super mécontent et nous demande de lui donner nos cartes d'embarquement. On ira nous chercher nos valises et on nous les apportera.. dehors !
Ah...
On a pas vraiment d'autre choix que d'obtempérer et nous ressortons de la zone d'arrivée. 
Il y a écrit en gros à côté de la sortie qu'on peut être passible d'une amende entre 1000 et 6000€ si on franchit la porte... - sic -
12h30 : Ce qui semble une éternité plus tard, nous récupérons enfin nos valises (les 3 dernières valises qui devaient rester sur le tapis...). 
- Gracie !!!
12h45 : Nous voilà dans l'aérobus pour rejoindre la gare centrale de Bologne
13h10 : Bien arrivés à la gare. Nous trouvons finalement quel train il faut prendre et où acheter nos billets.
13h23 : Nous voilà partis.
14h55 : Arrivés en gare de Riccione !
14h56 : Il commence à pleuvoir.
Un remake de "Bienvenue chez les Ch'tis" version italienne ???
Heureusement, ça ne dure pas bien longtemps.
15h05 : Les amis de Lionel et Philippe qui étaient venus les chercher à la gare en voiture me déposent à leur hôtel pour me rapprocher. Merci !
15h45 : J'arrive enfin (!!!) à la maison de la propriétaire (quelques mauvaises indications données en chemin... merci...)
16h15 : Je suis installé dans l'appart du 19A Viale Genova. Je pose mes affaires, me change et pars pour la piscine.
Le but c'est de récupérer mon accréditation qui sera mon sésame pour accéder aux piscines et surtout aux chambres d'appel pendant toute la compétition. Après ça, je testerai le bassin extérieur où je dois nager le lendemain ma première épreuve le 800m nage libre.
16h25 : J'arrive au complexe. 
Heuuu... c'est absolument GI-GAN-TES-QUE !!
Imaginez : une piscine couverte avec un bassin de 50m 10 lignes plus une piscine de 25m 4 lignes au bout. A côté, une piscine de 50m 10 lignes extérieur, un fosse à plongeon et un autre bassin de 25m 10 lignes. Et tout autour des tentes, un village sportif (avec boutiques et tutti frutti), un "hôpital", un centre de massage, une aire de repos avec transat et parasols et... le centre d'accréditation !
Je réalise à ce moment que je ne vais pas participer à un petit meeting provincial mais bien à une compétition d'une toute autre envergure. 
Je me sens vraiment tout petit mais en même temps c'est difficile de ne pas ressentir une grande excitation à l'idée de se dire que je ne suis pas venu pour être spectateur mais bien pour nager !
17h00 : Une fois ma carte d'accréditation récupérée et après avoir (enfin) trouvé les vestiaires (mon Dieu que c'est grand...) je plonge enfin dans le grand bassin extérieur.

Le bassin extérieur de Riccione. 50m 10 lignes d'eau. Des plots de compétition réglables. Magnifique.

Echauffement de 1500m environ. Ca fait du bien de se dégourdir après tout ce temps dans les transports ou à marcher.
Les sensations sont bonnes mais vraiment sans plus. 
Je ne peux m'empêcher de remarquer que je ne suis pas embêté en nageant. Dès l'échauffement ça nage bien plus vite qu'à n'importe quelle autre compétition...
17h50 : Passage par la boutique de merchandising. Un polo et un bonnet "14ème championnats du Monde Maîtres" dans la besace. Je craquerai à plein d'autres reprises durant la semaine...
18h00 : Passage par le super marché pour faire quelques courses de bases.
18h40 : De retour à l'appart. Affaires mises à sécher.
Je pars en ville pour voir la mer.
Déception. Il n'y a que des plages privées à perte de vue. C'est vraiment étonnant comme concept... Et triste.
Je retourne en ville. Avec notre accréditation nous avons plein de réductions dans les boutiques / magasins / restaurants en ville. Je me trouve une pizzeria qui a l'air bien et me prend une pizza aubergine / courgette / tomate / roquette à emporter.
Un délice !
22h00 : Au dodo !! Il s'agit d'être en forme pour cette compétition !

Je n'anticipe pas vraiment de faire de grosses performances pour cette compétition. Mon objectif reste les championnats de France deux semaines plus tard à Canet en Roussillon.
Par contre, j'aimerais vraiment bien améliorer mon meilleur temps au 200 dos. Avec les derniers entraînements, j'ai l'impression que c'est à portée de main. 
J'aimerais bien aussi faire un bon 800m nage libre, histoire de revenir avec un classement honorable.
Nous verrons bien.

Dimanche 10 Juin 2012
Il est 06h30. Je me suis levé tout seul bien longtemps avant le réveil.
Je me dis que ça pourrait être bien de voir la première série du 800m nage libre messieurs. Il  y a monsieur Vialonga de Viry-Chatillon qui y nage et avec qui j'ai bavardé au centre d'accréditation la veille.
La compétition peut commencer ! Bienvenue à la première journée des épreuves de natation course des 14èmes championnats du monde Maîtres !

Monsieur Vialonga, à 85 ans, est un des plus jeunes de sa série. Il nage par exemple avec deux allemands de 91 ans et un hongrois de 92 ans...
92 ans...
Un 800m nage libre... en bassin de 50m...

Et que ça ait 85 ou 92 ans, ça plonge toujours. Respect messieurs !

Cette première série fixe l'ambiance.
Mais ça explique aussi pourquoi il n'y a que le 800m nage libre au programme du dimanche. Tout en sachant que pour le premier jour le bassin extérieur est réservé aux garçons et le bassin intérieur aux filles (et on alterne tous les jours).

D'après une première méthode de calcul publiée sur la page Facebook des championnats, je suis sensé nager ma série... à 20h50.
D'après une autre méthode, affichée à côté de la start list, je suis sensé nager à 17h00...
Bon.
OK.
C'est vague...
En tous cas, j'ai du temps devant moi...

J'en profite pour aller chercher Sophie à la gare dans la matinée, qui arrive avec son train de nuit.
Nous faisons de nouvelles courses et mangeons à l'appart.
Après une petite sieste, je retourne à la piscine à 15h00 (on ne sait jamais...).

Visiblement, je suis trèèèèèès loin de nager prochainement, mais j'ai été au moins plus prudent que beaucoup d'autres.
En fait, il n'y a pas de série pré-définie pour cette première journée. Les nageurs nagent en fonction de leur temps d'engagement et pas du tout en fonction de leur catégorie d'âge. Nous avons donc tous un numéro dans la start list (je suis le numéro 630 sur 685) et à la chambre d'appel on appelle les nageurs au fur et à mesure de manière à former une série de 10 personnes. Certains se sont faits avoir ainsi et n'ont pas nagé...

Vers 19h30 environ, on m'appelle enfin. 
J'ai à la fois extrêmement hâte de nager et j'appréhende beaucoup. Il s'agît quand même des championnats du Monde.
Qui plus est, je vais être dans une série très rapide. Je suis en effet engagé avec mon meilleur temps en bassin de 25m... Je risque fort d'être décroché très vite par les neuf torpilles avec moi. Et surtout à l'échauffement dans l'après-midi j'ai vu à quel point je n'arrivais pas à trouver mon rythme. Sans horloge ou chrono au bassin d'échauffement, c'était d'autant plus dur. J'ai un peu peur de ne pas trouver la bonne allure. 

J'aimerais vraiment papoter avec les gens de ma série. Je nage ligne 1, au bord, à côté d'un vénézuélien. Mais j'ai déjà un tel mal à me concentrer que je me dis qu'il vaut mieux que je reste dans ma bulle.
Après ce qui me semble une éternité, je monte enfin sur le plot et prend le départ de mon 800m nage libre.

J'essaie de ne pas trop appuyer comme un bourrin et de mettre de la fréquence au début.
Les 100 premiers mètres se passent bien. Nous restons groupés dans la série.
Au virage des 100m, tout le monde me met une valise. Je réalise que ma nage ne va pas du tout. J'essaie de corriger en mettant plus d'amplitude, en réduisant la fréquence et en forçant un peu plus. J'ai l'impression que c'est mieux mais j'ai surtout l'impression de ne pas avancer bien vite.
Aux 150m je suis officiellement le dernier de ma série. Je crois que je vais vraiment faire ma course tout seul...
Aux 200m, je ne me sens pas épuisé, j'essaie de mettre un coup de relance en sortie de coulée. C'est affreux comme il n'y a pas de lien de cause à effet entre l'effort et les sensations. J'ai toujours l'impression de mal nager, de manière mécanique (à opposer à nager "souple").
Aux 250m, je me sens vraiment seul. Je ne sais déjà plus où sont les autres.
Aux 300m, j'essaie de tenir l'allure, tout en ne sachant toujours pas si je suis sur une bonne allure.
Aux 400m, je fais cette fois-ci une vraie relance. Je sens une différence, en tous cas, la relance me fatigue...
Aux 500m, je tire la langue mais la nage ça ne va toujours pas. Je sens que mes sensations de fatigue ne sont pas les mêmes que sur un bon 1500m. Il y a vraiment un truc qui cloche. J'ai toujours l'impression de nager comme un robot (et un robot, ça nage mal).
600m. Bon, je mets ce qu'il reste. Bizarrement, ça va mieux. En tous cas, la nage passe mieux.
700m, coup de sifflet (bien après celui de tout le monde). Je relance bien. Argh. Dur. Mais ça va vraiment mieux côté nage. Je m'applique à nage gainé et à prendre beaucoup d'eau. Il me tarde d'être arrivé.
750m. Allez, la dernière longueur ! A fond les ballons ! De nouveau, ma nage semble hachée. Pas jo-jo la fin...
Fini.

9'56"59
Fichtre.
C'est la cataschtroumpf intégrale. Je me doutais que je n'avais pas nagé très vite, mais pas à ce point. Confirmation quand Sophie m'a montré mes temps de passages : j'ai nagé plus lentement qu'au passage de mon 1500 à Gap aux France été l'an passé.
C'est vraiment vraiment vraiment pas bon.

Je réalise vite pourquoi, 2-3 min après ma course je ne suis déjà plus fatigué... 
Je ne suis pas vraiment fait violence... :(

100m : 1'07"70
200m : 2'20"74 (1'13"04)
300m : 3'35"31 (1'14"57)
400m : 4'51"69 (1'16"38)
500m : 6'07"99 (1'16"30)
600m : 7'25"14 (1'17"15)
700m : 8'41"94 (1'16"80)
800m : 9'56"59 (1'14"65)

Quand je regarde mes temps de passage, j'ai l'impression qu'il s'agit d'autres temps de passage que les miens tellement ça n'a rien à voir avec mes sensations dans l'eau.

J'arrive finalement à mettre très vite de côté cette contre-performance.
J'en rigole vite avec Sophie en lui disant qu'au moins je ne suis pas trop fatigué...

Nous mangeons à l'appart avec Sophie ce soir. 
Et je suis content d'enfin aller me coucher. La journée a été longue tout de même.

Lundi 11 Juin 2012
5h45 : C'est l'heure de se lever. 
Aujourd'hui j'ai le 200m dos au programme. C'est la première épreuve de la journée et contrairement à la veille, ça ne prendra pas toute la journée. Je devrais vraisemblablement nager entre 10h et 11h.
Ca vaut donc la peine d'aller s'échauffer dans le bassin intérieur qui est accessible de 6h30 à 7h15. Je n'y ai toujours pas nagé et je n'ai toujours pas testé les plots ou pris mes repères pour les virages.

06h30 : Les portes du site s'ouvrent. Nous sommes déjà un paquet à attendre à l'entrée.

06h40 : Je m'échauffe au bord du bassin intérieur. On voit que le programme de la journée est plus complet que la veille (aujourd'hui il y a : 200 dos puis 100 nage libre et 100 brasse) car il y a vraiment beaucoup de monde à l'échauffement. 
Au bout de quelques minutes cela devient d'ailleurs pénible de nager dans le bassin.
Au total j'ai réussi à faire UN seul départ en dos... et encore c'était du côté 50m (en espérant que les plots soient tout à fait pareils de l'autre côté, là où le départ aura vraiment lieu).
Et je n'ai pas réussi à caser un seul virage à l'allure de course. 

Ca me rassure d'autant moins quand Sophie finira son 200m dos vers 9h et m'expliquera que dans le bassin extérieur (où les dames nagent ce lundi) il lui avait semblé qu'il y avait moins de 5m entre les drapeaux et les murs.

10h00 : Je me rends à la chambre d'appel, je suis dans 10 séries d'après le tableau d'affichage à l'entrée de la piscine.
Sitôt arrivé à la chambre d'appel, j'entends qu'on m'appelle dans la série suivante.
HEIIIIIIN ?????
Je me précipite donc dans la chambre d'appel complètement incrédule. Qu'est-ce qui se passe ? Je me serais trompé dans le numéro de ma série en regardant le programme ?
Je vérifie avec la deuxième dame qui contrôle les accréditations que c'est bien ma série.
Bon.
C'était Olivier PODEBRAD qu'on appelait... avec l'accent italien j'avais mal compris...
Une fois le stress retombé j'en rigole vite avec Frédéric de Venissieux et Daniel de Cachan qui sont quelques séries avant moi.

J'ai du mal à vraiment me concentrer sur ma course. Tantôt je visualise des bouts de ma course, tantôt que je pense qu'il faut absolument que j'améliore mon meilleur temps (2'29"30), tantôt je me rappelle qu'en ce moment les sensations sont bonnes en dos. Au final, je fais vraiment une préparation mentale assez confuse.

On finit quand même par m'appeler pour de bon. La pression monte d'un cran. Quelque part ça m'aide à mieux me focaliser sur la course à venir et je suis vite derrière le plot.
Je repère Sophie dans les gradins qui m'encourage.
1er coup de sifflet, je m'approche du plot.
2ème coup de sifflet, je saute à l'eau en suivant bien l'ordre donné à plusieurs reprises dans la chambre d'appel : je saute dans l'eau ("Jump, No Dive !!!")
3ème coup de sifflet long, je suis déjà en train de me mettre en place sur le plot. Ca va, c'est bien le même plot que celui sur lequel j'ai fait un départ le matin de l'autre côté du bassin
"Take Your Mark" : je take mes marks
"Tuuuuuuuuut" : C'est parti !! 
Cool ! Je rentre parfaitement dans l'eau ! Comme à l'entraînement. 
Je fais une coulée dynamique qui me permet de voir que je suis devant mes deux voisins aux lignes 8 et 10 et je sors devant eux. Visiblement, je sors devant tous ceux que j'ai dans mon champ de vision.
Allez Olivier, fais-nous rêver maintenant !
Les premiers coups de bras sont vraiment jouissifs. Je tire beaucoup d'eau. Je fais attention à ne pas aller chercher trop loin comme David me l'avait dit avant Angers pour pouvoir relancer au 2ème 50m. Ce premier 50m passe dans un claquement de doigts. 
Premier virage, aïe !! Sophie avait raison, on dirait qu'il y a moins de 5m entre les drapeaux et le mur. Je fais ma culbute très proche du mur. Ou alors c'est parce que je tire beaucoup d'eau.
A la sortie de la coulée je vois que j'ai mis une valise à l'italien de la ligne 10 mais je vois que le néerlandais de la ligne 8 n'est pas loin de moi. Je n'arrive pas vraiment à voir ce qui se passe plus loin (mais je distingue des bras, nous devons être plusieurs ensemble).
Maintenant je ne me restreins plus sur l'amplitude de mes mouvements. Je suis obnubilé sur ma prise d'appui et sur mes appuis.
J'avance toujours bien. Vraiment bien.
Je le vois, je prends de l'avance sur la ligne 8. Je repère vaguement que nous devons être 2 ou 3 en tête. Je suis vraiment super bien. 
A l'approche du virage des 100m je manque un peu d'air tout de même. 
Je fais une coulée pas vraiment longue mais plutôt efficace.
Je relance en mettant des jambes et en insistant sur mes appuis. Ca devient dur.
125m : je commence à avoir beaucoup de mal. Les bras passent mal. Je percute : je suis en train de nager en force et super crispé. Pas étonnant que j'ai de l'acide lactique sitôt.
J'essaie de plus relâcher mon bras au dessus de l'eau.
Le mal est fait. La fin va être dure.
Aux 150m je suis toujours dans le wagon de tête. Dans la culbute je vois qu'il y a un ou deux  nageurs devant moi vers le milieu du bassin mais j'ai de l'avance sur le néerlandais de la 8.
Il faut revenir à la maison maintenant. C'est le moment de mettre tout ce qu'il me reste dans les bras et les jambes. 
Ca chauffe sévèrement.
Aux 175m j'ai un des pires coups de bambou que j'ai jamais eu. Je peux à peine tourner les bras. Le désespoir m'envahit. C'est que je ne suis pas vraiment arrivé. Il faut arrive à tenir.
Je repère qu'on revient sur moi d'ailleurs. 
Ca me donne un coup de fouet. Si je n'arrive pas à mettre de fréquence j'arrive encore à appuyer (relativement) fort. 
Les derniers mètres sont vraiment de la pure agonie. J'ai l'impression que mes bras vont tomber si je continue, mes jambes sont comme des bouts de bois.
Je vois enfin la ligne des 5m. Dernier effort.
Aïe. Ouf. Fini.
2'27"15

Yes, yes et yes !!
Meilleure chrono amélioré de 2s ! Je suis vraiment super content (mais qu'est-ce que j'ai mal aux bras). Et Record de Yvelines C2.
Avec les temps intermédiaires ça donne : 
50m : 34"16
100m : 1'10"87 (intéressant !)
150m : 1'48"96 (ça fait du 38" au 50m, on sent le bambou venir...)
200: 2'27"15 (soit 39" le dernier 50m, le bambou est bien venu...)
(mais qu'est-ce que j'ai mal aux bras)

Donc vraiment satisfait de cette course. Je réalise vite que j'aurais pu faire mieux en étant plus relâché au début. J'en suis d'autant plus content d'avoir nagé le 200m dos aux championnats du Monde. Je sais que je serai plus serein à Canet.

Après ça, le programme pour moi c'était farniente !
Retour à l'appartement pour manger avec Sophie. Petite sieste. 
Puis retour à la piscine pour regarder les entraînements de natation synchronisée, suivre le 100m brasse de Sophie et accueillir Fred.
Fred était sensé arriver en voiture durant la nuit (un truc à la Fred...). Finalement, il m'avait envoyé un sms la veille pour me dire qu'il dormirait en route.
Le matin, il m'avait écrit qu'il arriverait en fin de compte pour 15h30. Du coup, j'avais été voir la start-list, avait calculé l'heure de sa série de 100m nage libre (14h00) et lui avait écrit que ça ne servait à rien qu'il se dépêche car il ne pourrait pas nager son épreuve.
En arrivant à la piscine, je vais voir où en sont les séries du 100m nage libre : il y a BEAUCOUP de retard. 
Pour fixer les ordres de grandeurs : il y avait 224 séries de 100m nage libre... soit presque 2240 nageurs... Forcément, du retard est possible.
Je refais donc mon calcul : la série de Fred (la 186) devrait nager vers 15h45 ! Ca peut le faire !
Voici l'échange de SMS qui a suivi :
13h51 : Olivier > Fred : On en est à la série 82. Du coup selon quand tu arrives ça peut peut-être le faire
13h51 : Fred > Olivier : Tu penses que c à quelle heure ? C quelle épreuve ? (Fred en mode touriste...)
14h10 : Olivier > Fred : Le 100 NL. T'es série 186. Du coup ça fait peut-être vers 15h45 ? Difficile à dire...
14h46 : Fred > Olivier : On en est à la combien ?
14h46 : Olivier > Fred : Je ne sais pas. Je suis à la nat synchro maintenant ^^ je pense que ça doit être autour de 115
14h46 : Fred > Olivier : Petit coquin. Je passe bologne
15h04 : Olivier > Fred : Je suis en train de me rincer l'oeil sur les entrainements des solos des mamys. Et sinon je viens de retrouver Marie :) Du coup, peu de chance que tu sois là dans les 40min qui viennent :(
15h04 : Fred > Olivier :  J ai mis de la nitro dans le scenic :-)
15h56 : Olivier > Fred : T'es dans 24 séries. T'es loin ?
15h56 : Fred > Olivier : Non dans 15min.
15h56 : Olivier > Fred :  Je t'attends à l'entrée du complexe. Prépare ta pièce d'identité. On court récupérer ton accréditation eh je t'amène à la chambre d'appel
15h56 : Fred > Olivier :  Yes
15h56 : Olivier > Fred :  Et tu nages en slip
15h56 : Fred > Olivier : Oui

15h57 : Je pars trouver Sophie pour lui dire que je vais faire en sorte que Fred puisse nager et que je ne verrai donc peut-être pas sa série (les filles ont déjà commencé le 100m brasse). Et je pars me positionner à l'entrée du complexe.

Environ 15 minutes plus tard, je vois enfin Fred arrivant en courant et en soufflant comme un âne.
Ni une ni deux, je pense en mode relais d'athlétisme : je pars en courant devant lui, pas bonjour, rien. Fred est vraiment BORDERLINE.
On part sur un grand sprint dans le complexe en évitant tout le monte pour rejoindre le centre d'accréditation. J'entends Fred respirer derrière moi comme s'il allait perdre un poumon et entre deux rigoler. Je suis pareil.
Nous arrivons dans le centre d'accréditation. Je donne à Fred son Waiver of Liability avec ses identifiants et je lui pointe du doigt où il doit se rendre. Fred est à bout de souffle.
Il court au comptoir, déverse son sac à dos sur le comptoir pour retrouver sa pièce d'identité. Il en met la moitié par terre. Il récupère sa combi et me hurle : "T'AS UNE SERVIETTE  ????"
Je sors ma serviette de mon sac à dos (coup de chance que je voulais aller à la plage après).
Pendant que les filles de l'accréditation récupère les papiers de Fred et vont chercher sa carte, Fred commence donc à se changer en plein milieu du centre d'accréditation. 
L'italien qui aiguille tout le monde dans le centre le regarde complètement médusé. Je lui explique qu'il nage sa série dans 10min. Il me répond un truc que je ne comprends pas en italien. Visiblement, il est mort de rire. Moi aussi.
Voilà pourquoi :
Fred, au centre d'accréditation, quelques minutes avant son 100m nage libre

Fred récupère son sésame, remercie les dames et nous repartons en sprint direction la chambre d'appel. Slalom entre toutes les personnes que nous croisons. 
Arrivés ! Fred halète et s'écroule par terre.
Je vais voir où nous en sommes : Fred nage dans 10 séries... A l'aise Blaise !
Fred : C'est où les toilettes ?

Un jour ce mec va me tuer de rire.

Je fais le tour de la piscine pour voir si Sophie a déjà nagé vu que j'ai un peu de temps (finalement) avec le 100 de Fred.
Sophie sort de l'eau, elle vient de finir son 100m brasse. Je l'ai manqué de peu. Très bon chrono pour elle (record des Yvelines !). Je lui ai dit que Fred est arrivé et que je vais voir son 100m.
Je croise Marie et Pascale d'Epinal et leur dit que Fred va nager sous peu.
Nous sommes donc trois à l'encourager sur sa première course :)

Bon, on va dire que Fred n'a pas eu les meilleures conditions pour préparer son 100m... -1'03"... ^^ Mais c'était effectivement bien nagé ;)

Après tout ça, petit bain de soleil avec Marie et Pascale et nous rentrons à l'appart avec Fred (Sophie y est déjà partie).
Ce soir nous mangeons en terrasse et rions bien de l'arrivée in extremis de Fred...

Et c'est déjà l'heure d'aller au dodo : grosse journée demain.
400m 4 nages pour tout le monde, plus 50m papillon pour Sophie et 200m nage libre pour moi. Ce sera ma dernière journée d'épreuve.

Mardi 12 Juin 2012
Réveil à 5h45 de nouveau. Petit déj avec Fred et direction la piscine.
Il fait vraiment frisquet ce matin. Le ciel est couvert. Je suis content d'avoir pris ma veste zippée.

Pour cette troisième journée de compétition les garçons nagent dans la piscine extérieure et les filles à l'intérieur.
Je veux donc prendre mes repères pour le dos lors de l'échauffement. Ce matin il y a moins de monde que la veille, ça aide.
Les sensations sont plutôt bonnes mais j'ai l'impression que la mécanique est un peu grippée. Les mouvements ne passent pas tout seul. La nage n'est pas trop naturelle.

Après l'échauffement, et une fois séché, je vais regarder la première série de 400m 4 nages. Un des nageurs tient à peine sur ses jambes. La preuve, il a un déambulateur. Il faut qu'on le monte sur le plot et une fois sur le plot, le chronométreur doit lui tenir la main pour qu'il ne tombe pas à l'eau.
Le plus jeune de la série est un américain de 80 ans. Le plus âgé est un espagnol de 88 ans.
Oui 88 ans...

M. Pinya Forteza, d'Espagne. 88 ans. Sur son 400m 4 nages en bassin de 50m. Respect total.

La natation Maître a ceci d'incroyable qu'on peut y voir des courses d'une qualité technique inouïe mais aussi des courses d'anciens qui forcent un respect encore plus grand.

Quelque temps après cette première série, j'ai aussi vu une autre série grandiose : la meilleure série de la catégorie C5 (45 - 49 ans) avec Nicolas Granger.



Nicolas, champion du monde magistral (il est ligne 5, entre les deux lignes jaunes du haut de l'écran, bonnet bleu) et nouveau record du monde.
Le pire c'est qu'on n'a pas l'impression qu'il force tant que ça. C'est superbe ! Bravo !
(les deux voix qu'on entend sur la vidéo sont bien sûr celles de Fred et moi)

Je n'ai pas de vidéo du 400m 4 nages de Sophie mais elle aussi aura nagé un très bon 400m 4 nages : elle bat le record des Yvelines de 20s !! Rien que ça !

Et après tout ça, et bien c'est à Fred et moi !
Fred nage série 39 et je suis série 41.
De la chambre d'appel je ne vois malheureusement pas grand chose de la course de Fred. 
J'arrive mieux à me concentrer sur ma course que la veille pour le 200m dos. 
Sans doute parce que je n'ai pas d'objectif particulier sur ce 400m 4 nages. 

Fred finit son 400 4 nages en 5'39". Il ne me semble pas que ça doit un de ses meilleurs temps.
La série de Fred ayant fini nous pouvons aller derrière les plots pendant que la série 40 nage.
Je suis dans une série de purs furieux. Je suis en effet engagé avec un temps de 5'07" qui est mon meilleur temps... en bassin de 25m ! Ma meilleure perf en bassin de 50m est de 5'31". Rien à voir. Et tous les gars de ma série sont engagés entre 5'00" et 5'08"... Ca va nager vite et il ne faut pas que j'essaie de suivre quelqu'un en papillon sinon je ne vais jamais finir la course.

Le soleil apparaît enfin au premier coup de sifflet. Signe du destin ?
Je suis ligne 9. J'ai un allemand à la ligne 7, personne à la ligne 8 et un finlandais à la ligne 10.
Je fais un plutôt bon départ mais je suis largué par mes voisins les plus proches au bout de quelques mètres. Ils nagent effectivement très vite. Je me cale sur une allure de 200 pap. L'allure me paraît très bien. J'ai l'impression de bien avancer.
Je fais un bon virage et j'essaie de faire une coulée assez énergique pour bien me relancer. Ca marche plutôt bien. 
Aux 75m je commence à avoir vraiment du mal. Je n'arrive pas à m'empêcher de respirer 1 temps / 2 temps puis je finis les derniers mètres en respirant à chaque respiration.
Cela fait déjà un moment que mes voisins sont passés sur le dos.

A mon tour.
Ma coulée est moyennement longue mais je sors à bonne vitesse et j'envoie de suite sur les bras avec de bons appuis. Du bonheur.
Je me cale sur le côté de la ligne pour bien voir cette ligne justement et ne pas zigzaguer. Miracle : je nage droit !
A mi-longueur je relance : je vois que je peux accélérer l'allure. 
Quelque part au loin, je vois des bras. Je suis peut-être en train de remonter sur quelqu'un. En tous cas, en termes de sensations, je sais que je suis une allure légèrement inférieure à celle de mon 200 dos de la veille mais pas trop éloignée non plus. C'est exactement la bonne allure.
Au virage, je vois que je suis effectivement revenu pas loin de quelqu'un au milieu. Tous les autres sont loin devant.
Je poursuis ce deuxième 50m dos sur la même allure. Vers les 35m je vois que je suis vraiment en train de revenir tout près du gars au milieu du bassin, du coup j'accélère pour le dépasser et... scraaaaaatch la ligne ! Flûte, je l'avais oublié celle-là... Heureusement, ce n'est que ma main qui a râpé et ça ne m'a pas trop ralenti. Je redresse ma trajectoire et me prépare au pire moment du 400m 4 nages : le virage dos / brasse.
Je me suis entraîné aux deux types de virages : virage classique en touchant sur le dos ou virage culbute beaucoup plus rapide.
Avec ma relance sur les derniers mètres, je décide de ne pas tenter le virage le culbute qui tue la respiration. Tant pis si je perds un peu de temps. 
Finalement, je ne me débrouille pas trop mal à ce virage. Ou plutôt, contrairement à d'habitude, je ne reste pas scotché au mur.
Je fais une bonne coulée et... de l'air...!! je ressors enfin !! Je fais quelques premiers mouvements rapides mais sans prendre trop d'appuis pour récupérer un peu mon souffle. Au bout de 3 mouvements je remets du rythme. J'essaie de penser à deux choses : ramener très vite les mains devant et bien finir mon ciseau.
La brasse est mon point faible, il faut vraiment que je mette du rythme pour ne pas perdre trop de temps là-dessus. 
A ma grande surprise, j'arrive à avoir du rythme sur ce premier 50m. Je sens bien que je ne nage pas de manière très fluide mais au moins j'avance.
Virage des 50m OK. Je fais bien attention à bien toucher le mur, je n'ai surtout pas envie de me faire disqualifier.
Je repars sur le même rythme pour la deuxième longueur de brasse. Les autres sont très loin devant. Je ne sais pas du tout si le gars du milieu m'est repassé devant ou si j'ai pris de l'avance sur lui.
Plus j'avance dans cette longueur moins je tire d'eau avec mes bras. A mi-longueur j'ai affreusement mal aux bras. J'ai l'impression de ne plus avancer d'un cachou. Bambou. 
J'essaie donc d'allonger ma nage. Ce que c'est dur. 
Je semble mettre une éternité à arriver au mur. Et dire qu'il me reste 100m. Ca ne va pas être jojo cette dernière longueur.

C'est d'ailleurs l'asphyxie totale en sortant de ma coulée. Je passe à une respiration à deux temps tout de suite pour les 5-10 respirations suivantes. Heureusement, mes bras semblent savoir quoi faire. Ils tournent sans que j'y pense vraiment. 
Les appuis sont bons. Dès que j'arrive à repasser à une respiration à 3 temps au bout de 25m, tout va mieux : je relance.  Ca marche une vingtaine de mètres. A l'approche du mur je ne peux que ralentir. Je fais donc un dernier virage assez lent.
J'essaie de compenser en faisant une coulée tonique et en mettant beaucoup de jambes lors de la sortie de coulée pour bien me relancer. Ca passe.
Je reste sur les jambes à fond par contre je ne peux rien faire de plus sur les bras. Je repasse à une respiration à deux temps car j'ai vraiment besoin d'air.
Qu'on en finisse.
Ils ont agrandi la piscine ou quoi ? Ce que c'est long.
Quand je distingue enfin l'arrivée je finis en apnée.
Enfin fini !

Mon moral remonte quand je vois que je ne suis pas le dernier de la série. Le roumain du milieu de la piscine arrive bien après moi.
Je mets du moment à trouver ma ligne (c'est quoi déjà ? ah oui : 9) sur l'écran.

5'23"48
Soit un meilleur chrono amélioré de 8 secondes. Et un record des Yvelines C2.

Dans le détail mes temps de passage donnent : 
- 100m : 1'15"79
- 200m : 2'35"22 (soit 1'19"43 le 100 dos)
- 300m : 4'09"49 (soit 1'34"27 le 100 brasse)
- 400m : 5'23"48 (soit 1'13"99 le 100 crawl)
Je pourrais presque me gargariser d'avoir fait un des meilleurs 100 dos de ma catégorie mais il faudrait alors que je parle de mon temps piteux au 100 brasse. Donc du coup, profil bas...
Oui, la brasse est ma kryptonite mais je me soigne !
^^

Récupération après ça et retour à l'appart pour repas + sieste. La journée n'est pas fini, il me reste le 200m nage libre.
Je dois bien le reconnaître : je n'ai pas vraiment envie de nager ce 200m nage libre. Mon mauvais 800m nage libre dimanche m'a refroidi pour le crawl.
D'ailleurs, selon comment se passe ce 200, il faudra peut-être que je revois mon planning des championnats de France.
Mon programme initial était : 200 - 400 - 1500 NL + 200 dos + 400 4N
Mais je suis en train de me demander si je ne ferais pas mieux de remplacer le 200 et le 400 NL par un 100 dos un 200 4N.

Je retourne à la piscine vers 15h. 
Après un petit tour par la natation synchronisée (c'est vraiment fabuleux d'ailleurs, je n'avais jamais vu avant et c'est assez impressionnant) je me décide à aller à l'échauffement.
Il n'y a pas trop de monde.
C'est étrange, les sensations sont absolument excellentes. Ca fait comme si mon crawl passait tout seul. Je n'ai pas de temps d'arrêt, j'arrive à bien placer ma respiration sans tortiller et les appuis sont bons.
Je teste les sensations sur différentes allures : c'est toujours bien.
Tiens...
Je réalise subitement qu'il me fallait peut-être 10 jours d'affûtage... Sur le 800 nage libre j'en étais à 7 jours et rien ne passait simplement. La pensée qui vient de suite après est "et si je faisais un bon 200 crawl finalement ??"
Dans l'heure qui suivra jusqu'à arriver derrière le plot, je ferai je ne sais combien de fois cette course dans ma tête : 
1/ Je pars sur le premier 50m en mettant les plus gros appuis possible mais sans m'affoler sur la fréquence
2/ Je fais un virage rapide, une coulée très tonique, je finis par des battements rapides et des premiers coups de bras très forts pour bien me relancer
3/ Je fais un deuxième 50m identique au premier
4/ Je fais un deuxième virage identique au premier
5/ Sur le troisième 50m il faut que je garde des jambes rapides pour maintenir l'allure. Il faut que je m'attende à avoir mal aux 125m. C'est là que je pourrai mettre plus de rythme pour compenser les appuis qui seront plus difficiles à prendre
6/ Le dernier virage sera dur je voudrai faire une dernière coulée très rapide mais je serai à bout, il faudra pourtant que je maintienne une coulée tonique quitte à la faire plus courte
7/ La dernière longueur sera à fond. J'aurai certainement mal partout et je serai probablement contraint de repasser à une respiration à deux temps. Pour autant, il ne faudra pas que ma nage devienne saccadée, je devrai garder une bonne technique et ne pas fuir les appuis

Avoir anticipé tous les moments où je vais avoir mal me rend plus serein que sur les autres courses quand je me présente derrière le plot.
Je suis ligne 4, engagé avec mon meilleur temps sur un 200 nage libre : 2'13"51.
Ligne 3, j'ai un italien et ligne 5 j'ai un allemand taillé comme une armoire à glace (il est vraiment impressionnant). Les meilleurs de ma série sont engagés en 2'13"00 et 2'13"01. Cette fois-ci, j'aurai des nageurs à suivre... voire à dépasser !

Comment décrire la course après ça ?
C'est comme si une prophétie s'était déroulée sous mes yeux.
Exactement tout ce que j'avais vu de la course dans ma tête s'est passé comme je l'avais imaginé.

Je suis parti en prenant beaucoup d'eau. A côté de moi, c'est parti très très fort.
Au virage je suis juste un peu derrière mais je sors bien après ma coulée, toujours dans le peloton de tête. En même temps, c'est un 200m, les écarts ne sont pas très grands.
Je fais un deuxième 50m comme le premier, en prenant beaucoup d'eau.
Au virage des 100m, nous ne sommes plus que 3 ou 4 en tête.

Et c'est là que les bactéries attaquent !

Je maintiens des jambes rapides après être sorti de ma coulée : je passe vaguement devant. 
Aux 125m j'ai mal. Je maintiens les jambes, accélère sur les bras et appuie un tout petit moins.
150m : c'est le moment de montrer que je suis demi-fondeur, j'y vais à fond. La tête me tourne, je respire à deux temps pour avoir assez d'air mais je reste gainé pour continuer à nager droit. Mes bras sont chargés d'acide lactique. Je ne parle même pas de mes jambes... je n'ai d'ailleurs pas vraiment conscience de ce qu'elles font. Mais tout en même temps je réalise que cette course c'est absolument le pied : je ne la subis pas. J'arrive à faire exactement ce que j'avais souhaité.
Je ne veux surtout me faire remonter sur la fin, je finis donc en donnant tout ce qu'il me reste.

2'10"95.
Meilleur chrono amélioré de 2.5 s !

Quelle belle manière de finir ces championnats du Monde :)
Côté temps de passage ça a fait : 
- 50m : 30"28
- 100m : 1'03"04 (32"76)
- 150m : 1'37"09 (34"05)
- 200m : 2'10"95 (33"86)

Et après ça, j'avais ma réponse : pas de changement de programme pour les championnats de France : 200 - 400 - 1500 nage libre + 200m dos + 400m 4 nages



Bref, ces championnats du Monde c'était des hauts, des bas, de grandes émotions, beaucoup de souvenirs et surtout l'envie décuplée de faire quelque chose de bien aux Championnats de France été 2012 à Canet. 

Rendez-vous le jeudi 28 juin pour la première course et le 1500m nage libre...

1 commentaire:

  1. Super,comme si on y etait.
    A jeudi pour le 1500 et tout le reste.

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