dimanche 3 avril 2011

Natation - Compétition : Championnats d'Île de France 5km Indoor

Samedi 02 avril 2011 avaient lieu les championnats d'Île de France 5km Indoor. 
Une compétition qualificative pour les championnats de France sur la distance et une des premières épreuves d'eau libre de la saison.


Je me suis vu offrir la possibilité de participer à cette édition ayant nagé deux 1500m cette saison (puisqu'il fallait avoir nagé un 800 ou un 1500m pour participer).
La compétition ne tombait pas à un moment très opportun (pour rappel, j'ai repris la natation il y a une semaine, après un bon break consécutif aux championnats de France Maîtres), mais j'y voyais une excellente préparation pour le 1500m qui m'attend aux prochains championnats de France et c'est aussi une expérience nouvelle.
En effet, jusqu'alors, la plus grande distance que j'avais nagée était des 3km lors des championnats de France été.


Les quelques entraînements de reprise qui avaient précédés m'avaient montré que j'avais perdu plus que ce que je pensais sur le foncier mais que j'avais plutôt bien conservé ma technique de nage.
Je savais donc que ces 5km seraient durs et que je ne pouvais pas, en parallèle, pas faire l'économie des autres entraînements.


Samedi matin, j'ai donc été courir comme à mon habitude et j'ai ensuite été à l'entraînement de Marco. Une chance certainement : Marco a tenu à me faire un entraînement allégé pour prendre des repères.


17h.
Ouverture des portes à la piscine de Sarcelles (95) que je découvre. 
La piscine vient d'être rénovée et elle est magnifique. Vraiment.
Les vestiaires sont superbes, tout est refait à neuf. La piscine est même équipée des nouveaux plots réglables !
50m, 8 lignes.
Fabienne et Marco sont là pour nous coacher.
La consigne pour l'entraînement : 800m, dans les 4 nages, sans trop faire travailler les jambes.
Entraînement rapide donc.


En sortant de l'eau, je découvre la start list.
Il y aura 3 séries.
Je suis dans la dernière série avec... Pierre Roger !!!! 
Pour ceux qui ne connaissent pas, Pierre Roger détient le record de France du 200m dos en grand bassin en 1'56"64. Autant dire que c'est un nageur venu d'une autre galaxie pour moi (si ça se trouve il est palmé et a des antennes ?)
Et oui, c'est ça de nager dans une compétition qui n'est pas une compétition Maîtres. Il y a de sacrées têtes d'affiche.
Sans compter que la compétition regroupe également des benjamins, des minimes, des cadets et des juniors... dont je sais d'ores et déjà que certains (voire certaines) vont me laminer.
Tout va bien...


3 séries d'un 5km indoor, ça veut dire que ma série est partie à presque 20h45.
J'aurai donc eu le temps de voir Billal (qui m'avait battu au 1500m nage libre à Georges Vallerey) nager un temps canon ainsi qu'Elise qui a nagé à une moyenne de 1'16" au 100m (rappel : j'ai nagé à une moyenne de 1'17" mon 1500m en grand bassin...)
Tout va bien...


Je suis engagé ligne 8 avec toute une série de furieux (dont Pierre Roger) dont les temps au 1500m sont... à des années lumières du mien.
Je me vois donc déjà finir bon dernier avec tout le monde qui m'attend pour éteindre les lumières de la piscine.
Tout va bien...


Les conseils de Fabienne pour nager un 5km : 
- limiter les coulées (ça fatigue)
- nager très peu sur les jambes
- nager bien relâché sur le retour du bras au dessus de l'eau. Il ne faut pas se tétaniser au bout de 500m
- nager plus court que sur un 1500m (même raison que le précédent point)
- relancer tous les 1000m


Le 5km Indoor relevant de l'eau libre, quelques règles sont légèrement différentes. Notamment, les gens au bord du bassin sont autorisés à faire tous les signes qu'ils veulent aux nageurs. Par exemple pour leur indiquer à combien ils en sont de la distance ou pour leur dire leur rang dans la série. Bien pratique.


Je blague avec le chronométreur en lui disant que je vais essayer de ne pas les faire finir trop tard.
Ce à quoi il me répond : 
- Habituellement les gens à la ligne 8 sont les plus mauvais
- ...
Super, je suis tombé sur un marrant.
Tout va bien...


Le départ de ma série est donné.
C'est vachement bien les plots réglables. Dommage que sur un 5km ça ne fasse pas beaucoup de différence. 
J'aurais fait le 5km Indoor pendant ma préparation aux championnats de France, je me serais donné un objectif d'1'20" au 100m, soit un 5km en 1h06min40s.
Le matin, à l'entraînement, nous convenions avec Marco qu'une moyenne de 1'22" ou 1'23" au 100m serait beaucoup plus réaliste après ma reprise. 
Soit un 5km entre 1h08min20s et 1h09min10s.


Benjamin, un Maître de Trappes qui nageait à côté de moi à la ligne 7 m'avait dit avant de partir qu'il allait essayer de nager en 1'18" au 100m soit le 5km en 1h05min00s. Je savais que j'allais donc faire ma course tout seul.


Et effectivement, j'ai été derrière dès la sortie de la coulée. 


Je me suis attaché à suivre les conseils de Fabienne sur mes premières centaines de mètres.  Ample, mais pas trop. Coulées courtes. Jambes au juste nécessaire.
A partir de 400m, j'ai eu mon premier imprévu : mon coeur commençait à battre la chamade plus que de raison. Je n'avais pas l'impression d'être parti fort. Je n'ai pas ralenti et j'ai espéré que les choses rentrent dans l'ordre rapidement une fois que je me serai stabilisé dans mon rythme.
Perdu. 
J'ai eu l'impression que mon coeur allait exploser toute la première moitié de la course.
Et c'est vraiment vraiment long 2500m avec cette sensation. Le foncier ça ne s'improvise pas.


Je reviens à mes 400m. 
Là, j'ai donc commencé à avoir mal. Comme les bras allaient bien, je n'ai pas ralenti et je priai ma bonne étoile que la suite se passe bien.
Entre 400 et 500m j'ai commencé à me fait doubler par les gars des lignes 4 et 5 (Pierre Roger et un acolyte).
Tout va bien...
J'ai commencé à perdre le fil de mes longueurs vers les 700m. 
De temps en temps Fabienne et Marco me faisaient signe de relancer. Je ne savais pas si c'était pour m'encourager ou si cela voulait dire que mon rythme baissait.
M. et Mme Lemoine m'encourageaient également. C'était réconfortant ce monde au bord du bassin.
Dans le même temps, j'étais clairement sous les feux du flash d'un appareil photo pendant mes premiers 1000m. Je n'ai jamais réussi à savoir qui m'a photographié... Mais ça m'a occupé.


1000m. Mon chronométreur troubadour met une planche dans l'eau à mon virage pour me signaler que j'en suis à un multiple de 1000m. Marco me fait également signe que j'en suis à 1000m en secouant une serviette (signe convenu auparavant).


J'ai toujours le coeur qui bat de manière chaotique. 
Je repense au médecin vétérinaire qui m'avait fait mon certificat médical en août et qui m'avait dit que j'avais un souffle au coeur et m'avait conseillé de faire une échographie. J'avais appelé à plusieurs reprises l'hôpital de Versailles pour prendre rendez-vous mais au bout de la 4ème tentative à attendre plusieurs minutes qu'on me passe le service cardiologie j'avais lâché l'affaire et avais oublié le tout. Surtout que j'avais trouvé le médecin que j'avais consulté vraiment peu convaincant :
- Vous avez un léger souffle au coeur, il faudrait que vous passiez une échographie
- Vous êtes sûr ? C'est la première fois qu'on me diagnostique cela. Y compris le médecin du sport qui me suivait auparavant
- Est-ce qu'il vous arrive d'être essoufflé après avoir nagé ?
- Euuuuuh... beh c'est l'idée... ("du con" aurais-je pu ajouter...)


La suite m'a paru absolument interminable.
J'étais persuadé d'avoir nagé 1500m depuis le signal des 1000m et toujours pas de signe de planche au virage ni de serviette secouée. Est-ce que tout le monde m'a oublié ? Le chronométreur et Marco ? Peu probable.
Benjamin m'a pris 100m vers ce moment là.
Tout va bien...


Enfin la planche et la serviette secouée.
J'en suis donc à 2000m.


Deuxième imprévu : j'ai gardé mes lunettes de compétition réglées comme à l'ordinaire. Elles sont donc plutôt bien serrées et ça commence à me faire relativement mal. Je ne me vois pas passer sur le dos pour les bouger (pour quoi faire ? j'aurai de nouveau mal dans 100m) ni les enlever et les remettre (je suis déjà suffisamment largué dans ma série...).
Je vais devoir faire avec.


Mon coeur bat toujours la chamade.
J'ai l'impression que mes yeux vont imploser.
Je n'ai pas fait la moitié de la course.
Tout va bien...


Autour de 2500m je réalise que je me sens mieux. 
J'ai toujours mal aux yeux (Olivier, surtout ne bouge pas les sourcils ! Ca fait mal ! Mais pourquoi n'es-tu pas botoxé ? Ca ferait moins mal...), mais le coeur va mieux.
J'ai dû ralentir. Je pense que c'est ce que veulent dire Fabienne et Marco qui me font signe à tous les 100m maintenant.
Je choisis de ne pas relancer et de rester sur cette allure. Je ne pourrai pas finir le 5000m si mon coeur part dans tous les sens comme auparavant. Je m'applique donc encore plus sur ma technique de nage.
Je pense continuellement à la manière dont mes mains rentrent dans l'eau (Violaine, Franck, Marco et David m'ont assez dit que je rentrais mal ma main droite dans l'eau).
Je profite de ne plus avoir mal au coeur pour nager plus ample. J'espère que ça compensera le fait que j'ai dû ralentir le rythme.


C'est long.


Planche et serviette secouée : 3000m !


C'est long.
Je perds de nouveau le fil de mes longueurs.
J'ai mal aux yeux.
Je me mets à penser au message que Philippe m'a laissé plus tôt dans l'après-midi sur Facebook : "Surtout essaie de ne pas t'endormir. Ca devient un peu répétitif à la longue tous ces carreaux au fond la piscine"
Tiens ! Et si je comptais les carreaux au fond de la piscine ?!
Vu que je ne sais plus où j'en suis, ça m'occupera. Et je penserai à autre chose qu'à mes yeux.
J'ai bien essayé sur deux allers-retours mais vu qu'il faut bien respirer de temps en temps, c'était difficile de suivre.
J'ai alors réalisé que j'étais com-plè-te-ment en train de sortir de ma course. 
Il fallait que je me ressaisisse d'urgence !
Attention à la manière dont les mains entrent dans l'eau. 
Attention à la position de la tête.
Attention aux coulées.
J'ai mal aux yeux.
C'est bon, je suis revenu dans la course.


Benjamin me rattrape et me dépasse à nouveau.
Vu qu'il m'a doublé précédemment entre 1900 et 2000m ça doit vouloir dire que j'approche des 4000m.


Oui : planche et serviette !
4000m.


Je constate que je pourrai finir le 5km.
Je décide de rajouter des jambes à chaque 100m et d'accélérer les coulées.
4100m. Premiers coups de sifflets. Ca veut dire qu'il reste 100m aux premiers !!
Je suis vraiiiiiment à la traîne !
Je m'applique méthodiquement à relancer à tous les 100m qui me restent. 
Même si j'ai mal, même si c'est dur, je sais que j'ai tout le temps bien nagé depuis le début. Je reste sur cette pensée positive pour continuer.
4200m.
J'ai mal aux yeux.
4300m.
Coups de sifflets en série. Je vais finir bon dernier.
4400m.
4500m. Plus que 500m. J'accélère encore sur les jambes et j'essaie de prendre plus d'appui.
4600m.
4700m.
Coup de sifflet pour Benjamin.
Ca bouge au bord du bassin. Les gens s'en vont (super).
4800m. Marco me fait le chiffre "2" pour me confirmer qu'il me reste 2 allers-retours.
4900m coup de sifflet. Bientôt fini. J'accélère, j'accélère.
EN-FIN FI-NI !


J'enlève immédiatement bonnet et lunettes.
Mon Dieu que ça fait du bien !!!
Une vraie délivrance. Il me faudra un moment pour arriver à voir normalement.
Remarque de Marco : "Tu ressembles à un panda".
Et Fabienne qui ajoutera : "C'est le métier qui rentre" (par les globes oculaires ?)


Bilan de la course : 1h08min52s.
Soit une moyenne entre 1'22" et 1'23" au 100m ! (pile à l'objectif)


Mais si on regarde dans le détail :

  • J'ai tourné entre 1'20" et 1'21" les 2500 premiers mètres
  • Je suis passé en 20'03" aux 1500m (temps qui rentre dans les grilles de qualification hiver et été aux championnats de France !)
  • A partir de 2500m, je suis plutôt passé sur une moyenne de 1'24", voire 1'25" autour de 3500m (quand je comptais les carreaux) avec quelques coups de moins bien à 1'26".
  • Bonne relance sur les 500 derniers mètres pour finir en 1'20"

Alors, au final :
- Je confirme que ce 5km est une EXCELLENTE préparation
- Je pense que j'en referai si j'ai l'occasion (mais pas juste après une reprise et en desserrant mes lunettes)
- J'ai suivi les conseils de Marco, en faisant un énorme dodo (réveil à 10h !) et en ne faisant pas la séance de gymkhana le lendemain que j'avais initialement prévue...

Petite déception : Pierre Roger ne m'a même pas demandé d'autographe... ("Pour Pierre, de la part du panda de la ligne 8")

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